Les consommateurs mettent leur vie en péril en achetant des produits écoulés sur les trottoirs. Evitez absolument d'acheter des denrées alimentaires périssables vendues sur la voie publique et exposées en plein air». Cette injonction n'est pas formulée par une association de défense des consommateurs ou un quelconque organisme décentralisé de l'Etat, mais le texto complet envoyé par le ministère du Commerce à des abonnés d'un opérateur de téléphonie mobile. Le texto, presque toujours le même, est envoyé au début de chaque saison estivale aux citoyens pour leur demander de ne pas acheter des marchandises vendues sur la voie publique. Le porte-parole de l'Union nationale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Hadj Tahar Boulenouar, s'il salue l'initiative, reste toutefois sceptique sur les résultats. «L'initiative du ministère est louable, mais elle est insuffisante, lorsque l'on sait l'ampleur qu'a pris l'informel et l'inertie des services du commerce. 70% des produits périmés et contrefaits passent par le marché informel. Des commerçants légaux préfèrent écouler des produits dont la date de péremption approche dans le circuit informel. Les services du commerce, qui demandent aux citoyens de ne pas acheter de produits alimentaires sur la voie publique, ne sont pas habilités à contrôler les points informels», s'étonne M. Boulenouar, qui fait remarquer que 200 points de vente informels s'ajouteront, durant le Ramadhan, aux 2000 déjà recensés au niveau national. Des produits en tous genres : lait, pain, conserves, chocolat sont distribués par des revendeurs qui ne «chôment» pas. Ces produits, «prisés» par certains consommateurs, peuvent causer de grands dégâts. «6000 cas d'intoxications sont signalés par an, soit une moyenne de 17 personnes par jour. Le tiers des cas est enregistré durant l'été. Il faut noter que plusieurs autres cas ne sont pas signalés dans des localités reculées du pays», relève le porte-parole. La distribution du couffin du Ramadhan risque aussi d'être une cause d'intoxication. «Le non-respect de la chaîne du froid, les coupures d'électricité chez le commerçant et même chez la ménagères inconscientes peuvent altérer les produits. Un problème s'est posé également ces dernières années. Le couffin du Ramadhan n'est pas contrôlé. Les APC distribuent des denrées alimentaires qu'elles ne peuvent pas, en raison de leur manque de moyens, préserver. C'est pour cette raison que nous avons proposé au ministère de la Solidarité d'opter pour l'enveloppe financière remise aux familles démunies», relève M. Boulenouar.