Khalida Toumi, ministre de la Culture, a ouvertement critiqué hier l'initiative prise par l'APC de Annaba d'inviter la chanteuse libanaise Elissa Khoury pour célébrer les festivités du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Un concert de l'artiste libanaise est prévu le 2 juillet au stade Abdelkader Chabou de Annaba. «L'argent public va être utilisé pour payer une chanteuse qu'on ramène de l'étranger – et je n'ai rien contre l'étranger – à 9,5 millions de dinars. Je sais que la Banque d'Algérie ne donnera jamais le quitus pour une telle opération. Alors comment cela va être réglé ? Cela veut dire qu'on va utiliser la chkara. Et c'est un organisme public qui fait cela. L'APC de Annaba, pour ne pas la nommer. Comment pouvez-vous développer l'industrie culturelle. Et ce n'est qu'un exemple», a-t-elle déclaré hier lors d'une conférence de presse animée à la faveur du forum «Maou'id maâ al kalima» (rendez-vous avec la parole) qu'organise l'Office national de la culture et de l'information (ONCI). Selon elle, des entreprises privées profitent du programme des festivités du cinquantenaire pour offrir des services, location de matériel notamment, en multipliant les prix par 200 et 300%. «La règle de l'offre et de la demande fonctionne lorsque les choses sont nettes, transparentes et précises. Pas lorsque tout le monde court derrière le siphonnage de l'argent public (…) Depuis deux ou trois ans, un danger guette le secteur de la culture. Si on n'y prend pas garde, cela va empêcher l'Etat d'assurer la mission de service public et l'industrie culturelle de se développer. Le danger est lié à la tentative de certains opérateurs privés de siphonner le budget de l'Etat sous prétexte que ces opérateurs ont des liens particuliers avec ou dans certaines institutions. C'est une vérité», a-t-elle appuyé. La ministre de la Culture a soutenu qu'elle préfère collaborer avec un secteur qui travaille dans la clarté et la légalité : «Je crois à un système qui garantit un minimum de service public dans le domaine de la culture, particulièrement en Algérie qui a subi une colonisation de peuplement déculturante de 132 ans.» Elle a noté qu'il existe trois programmes liés à la célébration du cinquantenaire de l'indépendance. Outre celui du ministère de la Culture, il s'agit de ceux du ministère des Moudjahidine et de l'ENTV. Elle a détaillé le programme de son département. Il s'agit notamment de la production d'une trentaine de films et documentaires, l'organisation d'une quarantaine de colloques et d'une vingtaine d'expositions, l'édition et réédition de 1001 titres dont une collection «Les trésors des musées d'Algérie» et la production d'une quinzaine de pièces de théâtre. Le prochain Salon international du livre d'Alger (SILA), prévu du 20 au 29 septembre, sera consacré à «50 ans d'édition algérienne». Nous reviendrons en détail sur ce programme dans notre prochaine livraison.