Comment préserver et promouvoir le patrimoine saharien ? Comment inciter les populations jeunes et moins jeunes à activer dans ce sens ? Ce sont là, entre autres, les préoccupations des responsables du Festival culturel international d'Abalessa-Tinhinan pour les arts de l'Ahaggar (Fiataa). Tamanrasset De notre envoyée spéciale C'est dans cette optique qu'un concours national des contes et légendes du patrimoine saharien a été organisé en marge du Fiataa qui avait eu lieu du 14 au 19 février dernier, à Tamanrasset. Les six lauréats ont été récompensés, jeudi dernier, et la cérémonie de remise des prix s'est déroulée à la maison de la culture Dassine de la wilaya de Tamanrasset, en présence des autorités locales, à leur tête le wali Saïd Meziane. Les trois premiers prix, d'une valeur de 200 000 DA chacun, ont été attribués à Chérif Abdelmadjid (conte en arabe), Fatiha Bouhas (conte en français) et Bettane Tedj (conte en targui). Les lauréats du deuxième prix : Belguendouz Yacine Mohammed, Zidane Yacine et Laroussi Brahim se sont vu remettre un chèque d'une valeur de 100 000 DA chacun, pour leurs contributions écrites dans les trois langues. Le personnage qui a épaté l'assistance et suscité stupéfaction et ire du wali est le jeune Bettane Tedj âgé d'à peine 17 ans. Ce jeune originaire de la Petite Kabylie a été récompensé pour un conte écrit en tamashek. Un prix que les Tamanrassetis n'ont pu décrocher. Tedj, ce jeune très timide, a appris la grammaire targuie et a défié les gens de la région qui croient que le Festival des arts de l'Ahaggar est l'apanage des Touareg. Invité à donner son avis, le wali n'a pas caché sa colère et son mécontentement, ne comprenant pas l'indifférence et le désintérêt de la population de la région face à une telle activité qui les concerne en premier lieu. «Où sont les jeunes de Tamanrasset. Je ne vois pas pourquoi je prends la peine d'assister à une cérémonie dans une salle à moitié vide», s'est plaint le wali avant de se ressaisir et de lancer: «Je considère inadmissible et insensé qu'aucun candidat de Tamanrasset ne figure sur la liste des lauréats, qui sont tous originaires d'autres wilayas», regrette le wali. Tout en admettant que la culture aussi riche que diversifiée de notre pays n'a pas de limite territoriale, le wali pense que les gens de Tamanrasset doivent s'organiser pour s'approprier ce festival, qui a été initialement créé pour préserver le patrimoine culturel de cette importante région. Dans sa lancée, le wali, visiblement gêné, s'est senti obligé de dire qu'il n'a pas de contentieux avec la ministre de la Culture Mme Khalida Toumi : «Nous ne voulons pas d'une culture in vitro. L'Etat a mis le paquet pour la réussite de cet évènement culturel, et c'est aux gens de la région de s'y mettre et de s'impliquer pour assurer sa continuité», observe le wali, demandant avec insistance aux natifs de la région de s'impliquer directement s'ils veulent pérenniser le legs des Imouhagh, qui constitue une bonne partie de la mosaïque de la culture nationale dans toutes ses variétés et couleurs. De son côté, le commissaire du festival, Farid Ighil Ahriz, a expliqué que le concours en question était national et a un objectif bien précis : il s'agit de collecter des données authentiques des contes qui se rapportent à la tradition orale et au patrimoine culturel afin de les mettre à la disposition des spécialistes notamment des anthropologues avant de les archiver : «A Tamanrasset, la société est de tradition orale, il faut reporter ces contes sur papier. Il s'agit aussi d'ouvrir la voie à ceux qui veulent écrire des contes, en prenant en considération l'aspect imaginaire», explique Farid Ighil Ahriz. Pour sa part, le président du jury, Kamel Saïdoun, a précisé que le choix des 6 heureux lauréats a été fait dans la transparence parmi plus de 70 candidats (29 contes en arabe, 21 en français et 21 en tamazight).