L'attentat terroriste contre le commandement régional de la Gendarmerie nationale à Ouargla, quatre mois après celui qui a visé la même institution à Tamanrasset, suscite de sérieuses inquiétudes, surtout au regard de l'évolution de la situation au-delà de nos frontières de l'extrême sud du pays, notamment dans le nord du Mali où règne la confusion la plus totale. Une région qui semble être depuis jeudi sous le contrôle des islamistes armés après l'éviction des rebelles du Mouvement national de libération de l'Azawad des principales villes que sont Tombouctou et Gao. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard si l'un de ces mouvements islamistes opérant dans cette zone vient de revendiquer l'attaque contre la gendarmerie à Ouargla comme il l'a fait pour l'attentat de Tamanrasset. D'ailleurs, les informations de ces derniers jours faisaient état de sérieux affrontements armés pour le contrôle du nord malien, alors que s'ouvrait en Côte d'Ivoire un sommet ouest-africain qui devait se pencher sur les mesures à prendre afin d'éviter l'enlisement de la situation au Mali en proie pratiquement à une scission de fait depuis le putsch du 22 mars dernier. A cette poudrière malienne, s'ajoute l'état d'insécurité apparu dans la région sahélo-saharienne depuis la chute du régime d'El Gueddafi et le pillage des arsenaux libyens qui s'en est suivi, engendrant une circulation incontrôlée de milliers d'armes, y compris des missiles antiaériens portables entre des mains de trafiquants en tous genres, islamistes intégristes et autres rebelles. Comme révélé tout récemment en Tunisie, où un convoi d'armement provenant de Libye a été neutralisé. Les autorités tunisiennes n'ont d'ailleurs pas manqué d'attirer l'attention de Tripoli sur l'ampleur du phénomène et demandé davantage de vigilance à l'égard de tels trafics «montés» à partir du territoire libyen. C'est dire combien la situation sécuritaire dans la région sahélo-saharienne est des plus tendue et au bord de l'embrasement, attisée par des ingérences étrangères à la région, comme celle du Qatar. Cette pétromonarchie du Golfe serait derrière le financement de mouvements islamistes au Nord-Mali. Il y a quelques jours, on a signalé la présence de soi-disant représentants du Croissant-Rouge qatari dans les zones contrôlées par les intégristes maliens. Il est difficile de croire que de tels «experts» aient été mandatés dans un but exclusivement humanitaire. En attendant, les islamistes maliens ont commencé par s'en prendre aux mausolées qui ont fait jadis la réputation de Tombouctou et classés depuis longtemps par l'Unesco dans le patrimoine mondial de l'Humanité, comme l'ont fait les talibans du mollah avec les bouddhas de Bamyiân qu'ils ont décrétés comme idoles à abattre.