En un temps réduit et dans des circonstances pour le moins énigmatiques, le nombre de groupes armés créés (ou annoncés) augmente à une vitesse vertigineuse dans la bande sahélo- saharienne. Le dernier en date a été annoncé avant-hier, dénommé «Front de libération nationale de l'Azawad (FLNA)», qui se revendique de 500 éléments. Le nouveau groupe venu ajouter au caractère ambigu de la situation a annoncé avant-hier sa création au nord-est du Mali, contrôlé par des rebelles touaregs et divers groupes armés, notamment islamistes. Ce nouveau groupe serait composé quasi exclusivement d'Arabes de la région de Tombouctou, est-il indiqué. Le FLNA affirme n'avoir aucun lien avec Ansar Eddine et le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), et se veut laïc. Ses objectifs seraient la sécurisation des biens et des personnes dans la région de Tombouctou et l'instauration d'un dialogue entre les différentes communautés locales. Le FLNA a notamment un secrétaire général dirigé par un élu local, et un état-major commandé par un lieutenant-colonel déserteur de l'armée régulière. Ce groupe annonce sa création peu de temps après la venue d'Ansar Eddine, toujours à Tombouctou. Quelques mois auparavant (décembre 2011), le mouvement pour l'Unicité et le djihad en Afrique de l'ouest (MUJAO) annonçait sa création. Cette organisation terroriste qui est présentée comme issue d'une dissidence de l'AQMI a déjà revendiqué le rapt de trois humanitaires occidentaux le même mois à Tindouf, l'attentat suicide qui a ciblé le 3 mars dernier le groupement de gendarmerie de Tamanrasset, ainsi que l'enlèvement récent du consul d'Algérie et de six autres diplomates algériens à Gao, dans le nord du Mali. Les armes provenant de Libye et mises en circulation «grâce» au conflit armé ayant eu lieu dans ce pays, et le parachutage d'arsenaux militaires par la France en pleine guerre civile, ainsi que le paiement de rançons et le recrutement de mercenaires expliquent en partie le foisonnement de groupes armés dans la région. Les deux réalités, à savoir la circulation d'armes venant de Libye et même d'ailleurs, et le paiement de rançons ainsi que le recrutement de mercenaires n'expliquent pas tout, selon des observateurs avertis de la situation sécuritaire dans la région. Ils estiment qu'«une sorte de stratégie est mise en marche, consistant à faire en sorte que les pays du Sahel, dont l' Algérie fait partie, soient dépassés et leurs efforts réduits et éparpillés face au nombre croissant d'organisations armées nouvellement créées venues s'ajouter à celles déjà existantes, dont l'AQMI, les narcotrafiquants et autres. La multiplication de groupes armés dans la région intervient mystérieusement après la rédaction d'un rapport établi par des envoyés de l'ONU et remis par Ban-Ki moon au président du conseil de sécurité des Nations unies, se félicitant des efforts consentis par les pays du Sahel. Le rapport onusien informe que les pays concernés sont capables à eux seuls d'assurer la sécurité et la stabilité de la région. La persistance et le nombre de groupes armés créés nouvellement semblent s'acharner à démontrer le contraire, et par là même, tenter d'obtenir une intervention militaire étrangère telle que souhaitée par l'AQMI et les nébuleuses qui lui sont affiliées. Une intervention qui créerait le chaos dans toute la région et menacerait la sécurité et la stabilité dans le monde, comme souhaité par l'AQMI et les commanditaires du terrorisme.