«C'est un vrai test pour les droits de l'homme.» C'est ainsi que qualifie le journaliste Kadi Ihsane l'arrestation de Mohamed Smaïn, le 19 juin dernier à Relizane. Avec d'autres militants des droits humains, le journaliste a lancé une pétition «L'arrestation de Mohamed Smaïn est une honte pour l'Algérie», pour exiger la «libération sans délai de Mohamed Smaïn et la mise en œuvre de l'expertise médicale demandée sur son état de santé», ainsi que soit faite «la lumière sur les conditions qui ont décidé de cette incarcération inique au préjudice considérable pour le crédit de notre pays déjà bien entamé». «Exactions» La justice a jugé qu'il devait purger, en juin 2012, deux mois de prison prononcés contre lui en 2002 pour avoir dénoncé dans des journaux «des crimes imaginaires» des «patriotes» menés par Hadj Fergane et Hadj Abed (décédé aujourd'hui) à Relizane entre 1994 et 1997.«210 citoyens enlevés manquent à l'appel à Relizane à la fin des années 1990. Les charniers où gisent des disparus ont été localisés et des restes humains exhumés et identifiés. La justice a choisi d'instruire une autre plainte pour un autre délit. Celui de “diffamation” pour des articles de presse où Mohamed Smaïn évoquait les disparus de Relizane. Les procès en diffamation ont établi, devant la presse algérienne et internationale, la réalité des faits et des responsabilités des acteurs cités», rappelle le texte de la pétition. «La cour de Relizane a persisté à recourir à la peine de prison contre Mohamed Smaïn. Près de dix années plus tard, la Cour suprême a rejeté le pourvoi en cassation de la défense. Dix années au cours desquelles la santé de Mohamed Smaïn, 70 ans, moudjahid de la Wilaya 5, s'est dégradée. Acharnement Le militant humanitaire a subi un triple pontage coronarien et soigne aujourd'hui un cancer de la prostate. Ses avocats ont introduit, aussitôt connue la décision de la Cour suprême, une demande d'expertise médicale afin de surseoir à l'exécution de la peine de prison. Cette procédure, prévue par la loi, devait suivre son cours lorsque le procureur général de Relizane a procédé à l'arrestation de Mohamed Smaïn, mardi 19 juin», lit-on encore. L'acharnement contre Mohamed Smaïn serait lié également à la mise en examen des deux fils de Hadj Abed, anciens «patriotes» par la justice française à Nîmes (sud de la France), pour «torture, actes de barbarie et crime contre l'humanité», suite à une plainte déposée par la FIDH, la LDH et la section Relizane de la Laddh. «C'est la première fois qu'une affaire documentée sur les dépassements durant les années 1990 est instruite», note Kadi Ihsane. L'affaire n'est pas encore tranchée en France, et il semble qu'en Algérie, on tienne personnellement responsable Mohamed Smaïn de cette affaire. A noter que seul le FFS a condamné cette arrestation et a également dépêché une délégation à Relizane pour soutenir la cause du militant emprisonné. Pour signer la pétition, envoyez vos signatures à [email protected] ou [email protected]