Cela fait plus de 48 h qu'une équipe de cheminots (dépêchés de Constantine) s'affaire au PKM 2,500 à la sortie sud de Biskra. Ils tentent, avec des moyens dérisoires, de remettre sur les rails le dernier des 8 wagons chargés de blé et de ciment, ayant déraillé il y a deux jours. Les riverains rencontrés à cet endroit, dont les habitations se trouvent juste à quelques mètres de la voie ferrée, ne cachent pas leur amertume : « Nous l'avons échappé belle ! Heureusement que le train ne circulait qu'à vitesse réduite, à l'entrée comme à la sortie de l'agglomération, juste après le passage à niveau des 1000 Logements, sinon c'était la catastrophe. » Une catastrophe dont le responsable est montré du doigt par nos interlocuteurs. C'est le management incohérent de l'entreprise nationale des chemins de fer - après avoir laissé péricliter un service public, puis supprimer la ligne de voyageurs Constantine-Touggourt via Biskra, pénalisant les familles nombreuses, ses propres employés et leurs familles. La direction a abandonné depuis belle lurette, l'entretien régulier des voies qui consiste à les renforcer avec du vrai ballast », affirme un ancien cheminot, actuellement à la retraite. Puisqu'il n'y a plus de ballast, les vieilles traverses de bois massif mais pourri, posées à même le sol, cassent comme des gaufrettes d'autant que les eaux stagnantes des pluies et celles plus agressives des inondations, effritent le remblai qui finit par céder, causant les déraillements que l'on ne compte plus sur ce tronçon, ajoute notre interlocuteur. A la direction des transports, on a appris qu'un projet d'étude de 4 milliards vient d'être lancé pour réaliser le déplacement, hors du tissus urbain, de la double voie ferrée ; elle contournerait l'agglomération de Biskra par l'ouest, libérant un espace vital destiné à devenir une grande artère, traversant de part en part Biskra intra muros.