L'entrée en vigueur de la charte pour la paix et la réconciliation nationale a permis la libération de centaines de terroristes. Mais des hommes qui ont combattu pour l'indépendance de l'Algérie et ont poursuivi leur mission sacrée pour la dignité des Algériens et de leur liberté avec l'apparition de la violence intégriste croupissent en prison. C'est le cas du moudjahid Mohamed Gharbi. Il est dans une cellule de la maison d'arrêt de Guelma avec une condamnation à 20 ans de prison ferme parce qu'il a défendu son honneur et sa vie, donnant une leçon d'amour incroyable pour sa patrie. Mohamed Gharbi, aujourd'hui 68 ans, a rejoint l'ALN en 1956 dans la région de Souk Ahras où il se distinguera lors de plusieurs opérations contre les forces françaises. A l'indépendance, il décide de rester dans l'armée d'où il partira à la retraite en 1983 avec la médaille de mérite militaire. Il mène une vie paisible, mais l'apparition du terrorisme islamiste le pousse à reprendre du service. En 1994, il crée avec quatre de ses amis un groupe de patriotes qui deviendront 300 au fil des ans. Ils traquent sans cesse des terroristes de la région dirigés par un certain Merad Ali, militant du FIS devenu ensuite chef de l'AIS locale. Mais après l'adoption de la loi sur la concorde civile, ce chef terroriste se rend aux autorités. Au lieu de se faire oublier, il se met à narguer Mohamed Gharbi. Il l'attend régulièrement à la sortie de son domicile pour lui promettre de le tuer en lui montrant discrètement un revolver accroché à sa ceinture. Gharbi alerte les services de sécurité. Mais le terroriste n'arrête pas ses harcèlements qui deviennent de plus en plus agressifs. Gharbi revoit les services de sécurité et leur annonce qu'il le tuera s'il ne se calme pas. Mais le chef AIS persiste. Le 11 février 2001, le moudjahid l'attend à la sortie de son domicile. Dès que l'émir se pointe dehors, Gharbi l'abat d'une rafale de sa kalachnikov. Ensuite, il se met à tirer des rafales en l'air en criant « Tahia El Djazaïr ! Tahia El Djazaïr ! » Il traîne le corps vers un caniveau. « Il ne faut pas que son sang souille la terre sacrée d'Algérie », s'écrie-t-il. Et il attend calmement sur place que les policiers viennent l'arrêter. Transféré à la prison de Guelma, il sera jugé le 21 janvier 2004. Lors de l'audience, l'épouse de Merad Ali avoue que son mari avait une arme de poing, un talkie-walkie et un véhicule, le tout fourni par les autorités, selon elle. Tout le monde s'attendait à un verdict de clémence. Mais, à la surprise générale, il est condamné à 20 ans de prison. L'homme accueille avec sérénité la sentence. « Je continuerai à me battre », dit-il calmement à ses avocats sous le choc. Gharbi Mohamed est toujours en prison alors que des terroristes ayant massacré des civils se pavanent désormais à travers le territoire national. Au lieu d'être aux côtés de Gharbi, les responsables du pays ont décidé de l'enfoncer alors qu'il a défendu l'honneur de l'Algérie. Pis encore, l'ONM, censée défendre les intérêts matériels et moraux des moudjahidine, n'a pas levé le petit doigt. On la savait organisation de rentiers, mais pas au point d'abandonner à son sort un homme qui a honoré tous les moudjahidine.