Les habitants d'Aïn-El-Turck subissent, chaque jour, près de deux heures d'un voyage harassant, où ils s'exposent à des vols, des bousculades et des insultes. Aïn El-Turck souffre d'un sérieux problème de transport. Cette petite ville côtière est coupée du reste d'Oran, ce qui fait du transport une commodité indispensable pour les habitants. Pour les usagers aux revenus moyens, ne possédant pas un véhicule, le transport urbain reste le seul lien qu'ils ont avec l'extérieur. Le matin, les taxis se font rares. Quand ils arrivent à la rampe du commandant Ferradj (au niveau du théâtre de Verdure), ils refusent d'emprunter le chemin du retour tant que leur véhicule n'est pas chargé de quatre personnes. Dès lors, la daïra d'Aïn El-Turck se retrouve désertée de taxis tandis qu'une trentaine s'engrange à la station du centre-ville. A partir de 16 h, le problème s'inverse. Quand un passager demande pourquoi les taxis se font si rares l'après-midi, il obtient cette réponse : «Après 14 h, je rentre pour me reposer. Je ne vais pas me tuer à la tâche, moi !» Les usagers ne trouvant plus le moyen de rentrer chez eux se rabattent sur le transport clandestin, deux à huit fois plus cher par rapport à ceux de la corporation. Fort heureusement, le taxi n'est pas l'unique moyen de transport qui s'offre. Le bus est également disponible, et est très prisé par les usagers. Cela dit, l'emprunt de ce moyen de transport possède aussi son lot de problèmes. Il est tant convoité que les stations sont souvent le théâtre de prises d'assaut du moindre véhicule qui s'y présente, et cela, malgré les 27 passagers qu'un transport de ce type peut charger. En cette période estivale, tout devient permis pour obtenir une place même debout. Les usagers voient ainsi de toutes les couleurs : coups de coude, insultes, bousculades… certains n'hésitent pas à faire passer leurs enfants par les fenêtres pour qu'ils leur gardent une place. Actes obscènes Au final, seuls les plus malins et les jeunes hommes parviennent à passer dans le bus. Dans ces pratiques devenues usuelles résident souvent des actes pour le moins obscènes : quelques malandrins procèdent à des attouchements en totale impunité, sans parler des vols devenus monnaie courante. Et comme si cela n'était pas assez, les receveurs n'ont aucun scrupule à augmenter les prix. Les habitants d'Aïn El-Turck doivent subir, chaque jour, près de 80 mn, voire deux heures d'un voyage harassant, comprenant vols, coups, attouchements et insultes. La journée ne s'arrête pas là, le retour promet souvent bien plus de peines. Avec l'approche du mois de Ramadhan, la situation risque de s'empirer. Les transporteurs n'hésiteront certainement pas à jongler davantage avec les prix et les horaires de travail.