Les femmes algériennes ont-elles accès aux instances décisionnelles de notre pays ? Sont-elles présentes dans les institutions importantes et les partis politiques ? Les observateurs les plus avertis diront oui, mais à des proportions très réduites. Cela est le fruit d'un long combat. En théorie, l'arsenal juridique algérien prévoit l'égalité entre l'homme et la femme. Au nom de cette égalité consacrée justement par la Constitution, les femmes ont toujours revendiqué l'ouverture du champ politique et leur accès aux postes de responsabilité. Les juristes qui se sont penchés sur cette question relèvent que le législateur algérien a, certes, mis en place les instruments juridiques en faveur du libre accès de la femme à la politique. Toutefois, ils font remarquer qu'il n'existe aucun dispositif pour permettre à la femme d'y accéder. « Dans notre pays, entre la théorie et la pratique, il existe de nombreuses barrières qu'il est difficile de lever », s'accordent à dire certaines associations de femmes. Celles-ci sont persuadées que l'émancipation et la participation de la femme à la politique sont étroitement liées au développement de la démocratie, à la croissance économique et à l'édification d'une société plus juste et plus humaine. D'ailleurs, toutes les analyses sociologiques et économiques faites dans ce sens montrent que la femme est infériorisée et que la société ne progresse pas, ou progresse plus lentement que celle qui favorise l'égalité entre les hommes et les femmes. Les femmes en Algérie représentent 50% de l'effectif universitaire, 60% de l'effectif médical et 30% du corps des magistrats. Dans le secteur des médias, les rédactions sont constituées en moitié par des femmes. Cependant, elles ne sont que 5,5% à occuper les hautes fonctions de l'Etat. On compte 6,9% d'élus nationaux femmes dans les deux Chambres. Dans les assemblées locales, les chiffres sont encore plus insignifiants. Nouara Djaâfar, ministre déléguée auprès du chef du gouvernement chargée de la Famille et de la Condition féminine, pense que l'absence de coordination des efforts des femmes pour une dynamique de changement est l'élément qui pénalise la femme, notamment dans le domaine politique. En évoquant la représentation parlementaire de la femme, la ministre a estimé que celle-ci est très modeste et même en deçà du niveau requis. Elle a invité dans ce contexte les structures activant dans le domaine des droits de la femme, telles les associations, à axer leur travail sur une autre forme de lutte, à savoir le renforcement de sa présence au niveau politique et la promotion de son action dans ce domaine. Pourtant, nul n'ignore que la pratique de la politique par la femme a pris une dimension internationale, devenant à l'heure actuelle l'un des mécanismes les plus importants de la réforme politique dans la plupart des pays. Aujourd'hui, la majorité des femmes continuent à dénoncer le système des quotas et le système de la parité, qui sont qualifiés de mesures discriminatoires. « Nous n'avons pas besoin de recourir à ce type de mesure, qui est à mon sens une humiliation, eu égard aux capacités dont jouit la femme. Normalement, le seul critère qui doit prévaloir pour l'accès que ce soit pour l'homme ou la femme aux postes de responsabilité est celui de la compétence et le sens de la responsabilité », ont soutenu des femmes parlementaires. D'autres femmes soutiennent que les partis politiques sont des espaces qui doivent permettre aux femmes de participer pleinement à la vie politique. Il ne suffit pas que les partis créent des sections féminines ou placent les femmes en fin de liste électorale. Selon elles, les formations politiques doivent leur offrir les moyens d'accéder à de hautes fonctions.