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Maroc : une réforme qui n'a rien changé
Publié dans Info Soir le 27 - 03 - 2010

Avis n «Les Marocaines demeurent sous-représentées en politique.»
Le Maroc s'est engagé dans une politique soutenue pour l'application du système des quotas à même d'encourager la présence des femmes dans les instances politiques.
Cette politique volontariste, entamée en 2000, a permis de compenser les inégalités observées entre hommes et femmes dans les institutions élues au Maroc. Les partis politiques se sont d'ailleurs inclinés devant les nouvelles dispositions juridiques. Ces dernières ont ainsi agréé l'idée des quotas réservés aux femmes. Celles-ci étaient jusqu'à cette date très peu nombreuses dans les structures de décision des partis et des institutions politiques. Il a fallu attendre 1993 pour voir des femmes accéder au Parlement par désignation, sans passer par l'épreuve des urnes.
A l'époque cette sous-représentation a été imputée aux partis accusés de refuser la consécration des droits accordés par la loi aux femmes.
Aujourd'hui, contre toute attente, les quotas comme la réforme qu'a connue la Moudawana, l'équivalent du code de la famille, n'ont rien changé. Celle-ci a pourtant le mérite de conforter l'émancipation de la femme dans ce pays bien qu'elle soit loin des aspirations des Marocaines. «Le texte réformé en 2004 par Mohammed VI ne répond pas totalement aux aspirations des femmes marocaines», fait remarquer Aïcha Alahyane, avocate et membre du bureau exécutif de l'Union de l'action féminine au Maroc. Alahyane s'appuie sur l'existence et le maintien de certaines inégalités et la persistance des mentalités rétrogrades au sein même du corps des magistrats. «La Moudawana constitue l'aboutissement d'un long combat dont la phase la plus importante est l'année 1995 avec la création d'un groupe de travail pour élaborer un texte pour sa réforme et la collecte d'un million de signatures pour l'accompagner», explique-t-elle.«Les Marocaines demeurent sous-représentées en politique», certifie, pour sa part, Meryam Demnati, professeur chercheur à l'institut royal de la culture.
Pour elle, l'éclatement de la cellule familiale marocaine y compris dans les milieux populaires a fait que «les hommes acceptent difficilement leur nouveau statut». Elle relève, dans ce sillage, pour ce qui est des quotas que «le problème n'est pas celui de femmes ou d'hommes.
C'est une question d'hommes et de femmes qui véhiculent des idées modernes». Avant d'ajouter que «tout commence au niveau de la famille». Elle appelle, à cet effet, les femmes à «se battre et à ne pas attendre les institutions».


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