Jean-Pierre Bonnet a passé plus de 10 ans à la tête du Sofitel Alger. A l'occasion de son départ à la retraite, nous l'avons interviewé sur ses impressions et surtout quelle image va-t-il garder de l'Algérie. -Quel bilan tirez-vous de la progression de Sofitel en Algérie ? Je suis arrivé le 8 janvier 2002 à l'époque où le Sheraton Club des Pins venait d'ouvrir, et on sortait d'une période de terrorisme, donc pas beaucoup de clients à l'hôtel et surtout pas beaucoup d'argent. C'est grâce à l'aide que m'a apportée M. Senni, qui était à l'époque PDG de l'EGT Centre, qu'ensemble, nous avons commencé à prévoir des rénovations que nous avons, en partie, réussies, puisque nous avons rénové toutes les chambres et les restaurants. Cela a nécessité de gros investissements, et grâce à cela, nous avons réussi à faire du Sofitel Alger un hôtel leader de la place, et la meilleure preuve que l'on peut donner, c'est qu'en 2012, on a eu le prix excellence de Trip Advisor, une société qui récupère tous les commentaires des clients et qui donne des notes. Le travail a été bien fait grâce à M. Senni et aussi au personnel. Nous avons proposé des formations permanentes pour le personnel. Vers 2006/2007, nous avons franchi le cap du repositionnement de Sofitel puisque de 5 étoiles, il est passé à une chaîne de luxe et on a continué à former. Nous envoyons régulièrement du personnel à l'étranger. Avec les Frères Pourcel (2 étoiles au Guide Michelin) à Montpelleir, nous avons un accord pour tester la grande cuisine. Cela a donné un bon résultat, puisque notre restaurant gastronomique est l'un des meilleurs d'Alger. Cependant, je dois vous avouer que nous sommes un peu gênés avec le code des marchés : les procédures sont longues, et cela nous permet pas de faire les investissements aussi vite que nous souhaiterions. Des investissements qui sont indispensables si on veut se maintenir dans le luxe. -Plusieurs enseignes de renommée internationale s'installent en Algérie. Cela va-t-il changer la donne concurrentielle ? Il faut que les hôtels d'Etat, ce qui est le cas du Sofitel et du Mercure, soient au top niveau, pour la simple raison qu'on a 840 chambres qui vont arriver d'ici 2014 à Bab Ezzouar, avec des 4 et 5 étoiles. Ce que je regrette un peu, c'est que le privé ne rencontre pas les mêmes difficultés que nous qui sommes hôtel de l'Etat : si on veut être prêt, il faut que nos hôtels soient impeccables. Il y a eu toujours de la concurrence entre Sheraton, Hilton, Sofitel (hôtels de chaînes internationales) et l'Aurassi qui vient d'être rénové, sans oublier la réputation prestigieuse d'El Djazaïr. Les clients sont de plus en plus exigeants, et s'ils n'ont pas la qualité, ils nous quitteront pour aller ailleurs. Constantine vient d'ouvrir avec un Ibis et Novotel, il y a un projet dans les prochains mois à Skikda (Ibis). Un certain nombre de projets sont à l'étude, mais tant que ce n'est pas formalisé, on reste prudent. -Quelle image gardez-vous de votre passage dans notre pays ? Si je suis resté 10 ans en Algérie, c'est que je m'y suis plu, sinon, généralement, les contrats chez nous sont de seulement 3 ans. J'ai donc renouvelé plus de trois fois mon contrat initial. Je garderai d'excellents amis algériens. Quand on fait un métier comme le nôtre, il faut avoir la fibre humaine, sinon on fait un autre métier dans l'administratif par exemple. Je pars à Montpllier, mais je reviendrai de temps en temps à Alger. Je fais confiance à Luc Lamorille que je connais depuis 20 ans pour continuer l'aventure et j'espère qu'il aura rapidement la possibilité de faire des investissements qui sont indispensables à l'hôtel.