L'Office national de production des aliments de bétail (ONAB) s'apprête à lancer, incessamment, un vaste programme d'investissement s'étalant sur une période de trois années et dont l'objectif est de doubler les capacités de production de la viande blanche. Ce programme, qui vise notamment la réhabilitation de l'outil de production, sa modernisation et sa mise aux normes, a bénéficié d'un crédit bancaire de 12,7 milliards de dinars, dont 3,7 consacrés uniquement à la réhabilitation des abattoirs du groupe. Selon Lambarek Yahi, PDG du groupe industriel avicole, il sera question de «rénover les 13 abattoirs, dont les équipements sont devenus obsolètes, avec pour objectif de doubler les capacités d'abattage qui devraient passer de 30 000 tonnes de viande blanche par an, actuellement, à 60 000 tonnes par an d'ici à 2014». Le processus d'acquisition des nouveaux équipements, dont les chaînes d'abattage, sera bientôt lancé, nous apprend le même responsable. Le manque de structures industrielles d'abattage, fonctionnant aux normes requises, a laissé place, faut-il rappeler, à la prolifération, il y a quelque temps, d'abattoirs clandestins et autres tueries auxquels beaucoup d'éleveurs ont eu recours pour sauver leurs productions. L'ONAB, pour sa part, s'est vu contrainte de faire appel à des sous-traitants pour combler ce manque. C'est l'une des raisons pour laquelle, d'ailleurs, le groupe a initié, depuis près de trois ans, en collaboration avec le ministère de l'Agriculture, un système triangulaire d'accompagnement au profit des éleveurs qui consiste à assurer à ces derniers des aliments et des poussins de qualité, et la récupération, par la suite, de leur produit fini à travers ses abattoirs. «Notre développement dépend de la triangulaire. L'objectif étant de fédérer le maximum d'éleveurs autour de nos abattoirs», nous dit M. Yahi, soulignant que son groupe n'avait pas augmenté les prix de l'aliment ni celui des poussins «malgré la hausse des cours des matières premières sur le marché international». Actuellement, le nombre d'éleveurs ayant adhéré à ce système a atteint 2300. Pas moins de 7 millions de poussins leur ont été distribués en 2011, alors qu'en 2010, le nombre n'était que de 3 millions de poussins. Pour le seul 1er semestre de 2012, une évolution de 9% est déjà à relever en matière de distribution de poussins. C'est dire «l'engouement que connaît cette opération qui a eu un effet positif sur la disponibilité des produits avicoles, la stabilisation, la diminution des prix, la protection des revenus des éleveurs et la préservation du pouvoir d'achat des consommateurs». Une présence renforcée A ce propos, l'ONAB, qui produit annuellement 30 000 tonnes de viande blanche (soit près de 14 millions de poulets de chair vifs pour sa filière chair), compte imposer son influence sur le marché avicole en Algérie, notamment durant le Ramadhan où la demande sur la viande blanche s'accentue, encourageant ainsi certains commerçants à spéculer sur ces produits. Le PDG du groupe pense cependant que le marché ne répond qu'à la règle de l'offre et la demande en ce sens que «c'est une matière vivante sur laquelle on ne peut pas spéculer». Et d'ajouter : «Seules l'offre et la demande peuvent influer sur les prix.» Selon lui, «le poulet frais ne devrait pas dépasser 280 ou 300 DA le kilo, durant ce mois de Ramadhan, comme cela a été le cas l'année dernière», d'autant que beaucoup de cheptels sont actuellement en élevage et devraient renforcer l'offre d'ici quelques semaines. Quant au poulet congelé, qui sera mis sur le marché par l'ONAB, M. Yahi annonce que son prix sera de 260 DA le kilo. Il sera commercialisé, en quantité voulu et selon la demande, dans 600 points de vente gérés par un réseau de revendeurs franchisés. Une dizaine de chapiteaux est également prévue, à Alger, où les produits de l'ONAB et ceux de Frigomedit, pour la viande rouge, seront disponibles durant tout le mois de Ramadhan, nous dit encore M. Yahi. Tout en annonçant le lancement prochain d'une campagne médiatique pour encourager la consommation des produits de l'ONAB, le PDG du groupe avicole précise que toutes ces opérations n'ont pas pour but de faire des gains mais plutôt de participer à la régulation du marché. «Ce qui compte le plus pour nous, c'est le fait que le consommateur achète un poulet sain, dont la traçabilité est bien connue et à un prix fixe ne dépassant pas 260 DA le kilo», souligne le même responsable. Il reste à savoir si l'évolution positive de la ration alimentaire de l'Algérien en viande blanche, aujourd'hui mieux équilibrée du point de vue protéique, entraînera également une amélioration dans la maîtrise des coûts matérialisés par les énormes importations en aliments, cheptels, équipements et produits vétérinaires dont le pays reste toujours dépendant.