En ce mois de ramadhan, l'office national de l'aliment de bétail a mis le paquet sur la distribution du poulet congelé à 250 DA le kilo, tout en développant son réseau de distribution en vue de créer son label d'ici la finde l'année 2010, a expliqué son PDG, Bouzid Boukersi, dans cet entretien accordé au Temps d'Algérie. Peut-on connaître brièvement la société Onab ? Le groupe Onab est une entreprise publique économique chargée de la nutrition animale et des élevages avicoles. Nous faisons tous les métiers de l'aviculture. Nous importons les matières premières, leur transformation en aliment de bétail, essentiellement avicole, soit 90% de la production, pour de petits élevages. Notre réseau est constitué de 24 unités de production, nous nous situons en amont de la filière, c'est-à-dire les reproducteurs de la filière chair et ponte. Qu'en est-il de l'activité engraissement et abattage ? Pour l'activité engraissement et abattage, nous avons des centres d'élevage pour engraisser le poulet et enfin la petite et grande distribution qui est une nouvelle activité. Notre objectif est de produire plus pour répondre aux besoins de la population en protéines animales, notamment la viande blanche. Jusque-là, nous avons été absents de l'activité de distribution que nous avons lancée au début de l'année 2010. Pour cela, nous avons renforcé nos élevages et nous avons développé des partenariats avec le privé, à qui nous fournissons des poussins d'un jour et leurs aliments. Une fois que le poussin atteint son poids d'abattage de 1,8 à 2 kilos et devient ainsi poulet de chair, nous le récupérons vivant pour l'abattre dans nos 14 abattoirs qui se chargent ensuite de sa distribution. Comme il s'agit de quantités industrielles, nous sommes obligés de passer par la phase de congélation pour constituer des stocks et réguler le marché car il n'est pas possible de réguler avec du poulet frais au quotidien. Quelles sont vos capacités de production annuellement ? Actuellement, nos capacités sont de 12 millions de poulets de chair, soit environ 20 000 tonnes de viande. Ce qui est insuffisant. Notre objectif à l'horizon 2014 est d'arriver à 60 000 tonnes de viandes par an. Actuellement, la consommation est de 8 kg par an et par habitant, c'est très insuffisant. Ces 60 000 tonnes couvrent à peine 20% de la demande actuelle. La production nationale actuelle est de 300 000 tonnes. La demande augmente. C'est pourquoi nous devrions avec le secteur privé augmenter nos capacités de production pour arriver au moins à 600 000 - 700 000 tonnes et atteindre ainsi un ratio de 16,5 kg/an/hab. A titre comparatif, en France, la consommation dépasse les 25 kg/an/hab et aux Etats-Unis plus de 40 kg/an/hab. Le poulet est la viande la moins chère et donc l'Onab tente d'effectuer un forcing sur cette denrée. Justement, à quel prix est le poulet frais à la source ? Dans notre production, 70% sont de la viande congelée et 30% de viande fraîche. Donc, pour réguler le marché, il faudra des stocks et des structures de stockage de froid car il faut distribuer ce produit sur l'ensemble du territoire national, y compris dans le grand sud où on ne peut vendre du frais à partir des abattoirs se trouvant au nord. Le congelé a le même goût et la même qualité que le frais. C'est le même process que le domestique. Il est vrai que dans les habitudes culinaires en Algérie, le congelé est rejeté. Il faut dire que ce sont des produits qui se développent dans le monde. En Europe, on est passé au surgelé. Y aurait-il des perspectives pour le surgelé en Algérie ? Non, ce n'est pas développé chez nous. Il faudra peut-être y penser et faire des investissements dans ce créneau. Pour l'instant, notre objectif est d'accroître notre production d'élevage à travers le partenariat. Il existe des centres d'élevage qui demeurent insuffisants. Il s'agit d'une centaine d'éleveurs privés clients de l'Onab. L'année 2009 et jusqu'au premier trimestre 2010, nous avons distribué environ 4 millions de poussins avec leur aliment. Quelque 3000 tonnes de viandes de poulet ont été produites durant le premier trimestre 2010 avec les partenaires privés. Comment procédez-vous pour réguler le marché avec une production insuffisante ? Il faudra avoir des stocks pour réguler le marché, en achetant massivement les poulets à des moments favorables et encourager ainsi les producteurs à ne pas quitter la profession. Il faut savoir que 70% de l'activité se fait dans l'informel. C'est ce qui fait malheureusement la caractéristique de ce marché avicole. Le prix fluctue au quotidien. Le modèle de partenariat que nous avons avec les éleveurs privés permet de maintenir et de garantir des revenus à ces éleveurs. Nous achetons leur production pour éviter de les décourager car quand le prix baisse, ils abandonnent le métier. La marchandise est stockée pour être sortie lorsqu'il est nécessaire. Pour l'Onab, la stratégie ne s'arrête pas au ramadhan mais elle est à long terme. Pour cela, il faudra développer notre réseau de distribution. Le poulet congelé est vendu à 250 DA le kilo. Comment avez-vous fixé ce prix ? Dans la formation du prix, il y a la matière première nécessaire à l'alimentation du cheptel qui est très importante car l'activité est extravertie. Cette matière première est importée. Il s'agit essentiellement de céréales secondaires, du maïs et du tourteau de soja qui ne sont pas produits en Algérie mais en Amérique du nord et en Europe. Leur part est de 80% dans le prix du poulet. De plus, ce sont des produits cotés en bourse, avec des fluctuations et qui sont actuellement à la hausse. Le soja est en moyenne à 400 dollars la tonne et le maïs entre 200 et 220 dollars la tonne vendue à l'Algérie avec les coûts de fret. Il n'y a pas beaucoup de produits de substitution. Les 20% sont répartis sur les salaires, l'énergie et toutes les charges qui concourent à la production du poulet. Donc cela ne laisse pas beaucoup de marge. Il est vrai que les prix sont déterminés de façon universelle par la loi de l'offre et de la demande, mais la loi sur les prix et la concurrence ne nous permet pas de vendre en dessous du prix de revient. En fait, 250 DA est un prix d'équilibre pour couvrir les charges du produit. Ce prix peut évoluer à la baisse ou à la hausse selon les cours des matières premières à la Bourse de Chicago. La dépendance (des importations) est pratiquement totale pour l'aviculture puisque même les facteurs biologiques, les poussins reproducteurs, sont importés. Quel est le montant de l'investissement consenti par le groupe Onab pour développer ses activités ? L'Etat a énormément investi dans ce secteur depuis les années 1980 pour ne plus importer l'œuf de consommation. L'Algérie produit elle-même ses œufs. Pour augmenter les capacités de production, nous voulons attirer les privés car ils possèdent des infrastructures importantes qui vont permettre de produire ensemble plus, mieux et à moindre coût. A l'horizon 2014, l'investissement est de 4 milliards de dinars. L'Onab élargit son réseau de distribution, composé de 185 points de vente, y compris les franchisés, dans 25 wilayas du pays, pour arriver d'ici à la fin de l'année en cours à créer son label. Donc, le groupe ne changera pas de nom. Qu'en est-il de la viande rouge congelée ? Pour la viande rouge congelée, c'est un autre opérateur public qui en a la charge. La vente au niveau de nos points de vente est conjoncturelle. Juste pour le ramadhan. Ainsi, le consommateur aura un double choix et les deux viandes sont proposées au même endroit. Ce n'est ni notre métier ni notre activité. Quel a été le chiffre d'affaires du groupe en 2009 et celui prévu pour 2010 ? Avec ses 30 filiales, ses 165 centres de production et ses 60 points de vente propres, l'Onab a enregistré un chiffre d'affaires de 14 milliards DA en 2009 et prévoit 21 milliards DA en 2010. En juin dernier, le groupe comptait 7381 travailleurs dont 884 contractuels, soit 12% de l'effectif global.