Le président du Conseil national économique et social (CNES), Mohamed Seghir Babès, a évoqué hier, lors d'un forum organisé par le quotidien Liberté, la baisse des prix du pétrole et les conséquences que cela pourrait avoir sur l'économie nationale. «L'Algérie est un pays mono-rentier, dont la substance économique dépend essentiellement du pétrole pour alimenter ses budgets d'équipement et de fonctionnement», rappelle d'emblée le patron du CNES. Selon lui, la crise internationale qui prévaut actuellement a extrêmement fragilisé l'économie mondiale, affectant par la même les économies des Etats en développement et émergents. «Même la Chine n'y échappe pas, puisque sa croissance qui connaissait une évolution à deux chiffres connaît actuellement une tendance baissière avec une prévision de croissance, pour l'année en cours, de 7,6% seulement», explique M. Babès. D'où la nécessité, pour l'Algérie, de faire très attention à ses dépenses, même si l'aisance financière dont elle bénéficie est toujours assez solide. «Ce n'est pas la catastrophe, mais nous devons sonner l'alarme pour dire qu'il faut être prudent dans la conduite de notre économie», souligne le président du CNES. Pour lui, le problème se poserait éventuellement pour les futurs projets à lancer, ceux en cours étant déjà inscrits et budgétisés. M. Babès a rappelé, par ailleurs, que son institution a soumis aux pouvoirs publics des propositions à même de réduire la forte dépendance de l'économie nationale à la rente pétrolière. «Il faut faire en sorte que notre économie se diversifie, s'appuie sur la connaissance et le savoir et renforce son tissu de PME/PMI qui pourrait contribuer à fortifier la croissance à hauteur de 2,5 points», note M. Babès. Pour lui, le pays dispose de tous les atouts qui lui permettraient, entre autres, la création de plusieurs entreprises championnes sur le plan national et régional, pour peu qu'il y ait, au niveau local, «une synergie à même de faire se rencontrer les différents secteurs de l'économie». Pour ce faire, le président du CNES appelle à «casser cette centralité dans le système de gouvernance» en élargissant la concertation et le dialogue social et économique. «Il y a un manque de concertation et le Pacte national économique et social qui représente le cadre approprié pour le dialogue se décline, aujourd'hui, en minima», relève M. Babès. Et de préciser, à ce propos, que son institution a soumis aux pouvoirs publics une proposition pour l'organisation d'une grande conférence nationale afin de débattre de la politique économique et sociale du pays. Le président du CNES a annoncé également qu'il remettra, dans quelques jours, au président de la République, une série de propositions élaborées à partir d'un rapport établi conjointement avec l'UGTA sur les questions les plus préoccupantes de l'heure comme le pouvoir d'achat, l'inflation, les prix, les salaires et autres.