L'Association des chevillards installés aux abattoirs du Ruisseau a constaté une baisse de la demande sur la viande rouge à la veille du mois de Ramadhan. L'appel au boycott de la viande, lancé par la Fédération algérienne des consommateurs (FAC), aurait déjà eu un premier résultat. Aux abattoirs du Ruisseau, la demande des bouchers de l'Algérois sur la viande rouge a baissé ces derniers jours. «La baisse de la demande sur la viande est significative ces dix derniers jours. Nous l'avons évaluée à 30 % par rapport à la même période de l'année dernière. Les grossistes ont écoulé ces derniers jours 108 387 kg, soit plus de 100 tonnes», précise M. Ramram, président de association des chevillards installés aux abattoirs du Ruisseau (Hussein Dey), considérés comme le «baromètre» de la commercialisation de la viande ovine et bovine dans la capitale. Le président de l'association composée de 40 grossistes explique cette décrue de la demande, à la veille du mois de Ramadhan, par la période des congés, mais aussi par l'appel au boycott. «La situation est insupportable pour les consommateurs. L'appel au boycott a fait sûrement baisser quelque peu la demande», estime M. Ramram. Le peu d'engouement pour la viande rouge fera-t-il baisser les prix de la viande ? Rien n'est moins sûr. Les prix de la viande ovine, toujours excessifs, oscillent entre 1200 et 1250 dinars le kg, alors que ceux de la viande bovine s'affichent entre 680 à 700 dinars, selon qu'elle soit locale ou importée. «La demande, malgré sa baisse sensible ces derniers jours, se maintient toujours, principalement sur la viande ovine. Un chevillard peut sacrifier jusqu'à 400 têtes d'agneau par jour», précise M. Ramram. La spéculation n'est pas seule en cause dans la cherté de ce produit. «La spéculation dans le circuit de distribution existe, mais elle n'est pas seule en cause. La cherté s'explique surtout par l'insuffisance de la production locale et l'abattage massif. L'Etat a exterminé le cheptel national l'année dernière en sacrifiant 30 000 agneaux à la veille du mois de Ramadhan, pour soi-disant faire baisser les prix. C'est un véritable massacre que commettent les autorités ces 15 dernières années. Même les bouchers ne jouent pas le jeu. Ils vendent à plus de 70% de la viande d'agnelle, moins chère, alors que la loi interdit sa commercialisation», signale M. Ramram. Selon les professionnels de la viande, les services de l'Agriculture entretiennent un mythe concernant la contrebande de cheptel vers les pays voisins. «C'est un cliché éculé que de parler de trafic de cheptel aux frontières. C'est l'Algérie qui s'approvisionne depuis quelque temps chez ses voisins. Ces 20 derniers jours, j'ai constaté l'arrivée de l'agneau en provenance du Maroc. Les frontières sont pourtant fermées. L'Etat favorise par divers canaux l'importation du cheptel, au lieu de renforcer le patrimoine ovin national», regrette le président des chevillards.