Lundi dernier et les jours qui suivirent dans les marchés à bestiaux de la wilaya de Djelfa, la détresse et le scepticisme étaient sur les visages de tous les éleveurs. Presque tous sont repartis sans vendre les bêtes. Du coup, les prix ont atteint le seuils les plus bas, jamais égalés auparavant. Les deux seules brebis qui ouvrirent le marché ont été cédées, chacune, à 2 500 DA. A une moyenne de 30 kg par pièce, le prix de revient du kilogramme de viande est de 83 DA, le bouzelouf, les abats, le cœur et le foie en sus. Mais ce qui est étonnant, c'est que sur les étals des bouchers de la wilaya, le prix n'a reculé que de 40 DA, passant de 540 à 500 DA. Et le hic dans tout cela, c'est que cette baisse n'a pas influé sur le prix de la viande proposée dans les boucheries de la capitale et qui demeure plus au moins élevé avec 600 DA le kilo pour la viande ovine et 450 DA le kilo pour la bovine. Ce phénomène est dû, selon le témoignage des éleveurs, à l'absence des "maquignons" des villes de l'est du pays qui sont contraints, par les garde-frontières, à une pause d'une part, et la détérioration des mises en défens qui ne sont plus gardées, à cause de la démobilisation des gardiens engagés par le Haut commissariat au développement de la steppe qui ne sont pas payés depuis le mois de mars, selon certains. Le troisième élément influant sur les prix de l'aliment du bétail est le plus déterminant dans la cotation des bêtes. Généralement, une partie du cheptel est vendue par le propriétaire pour acquérir l'aliment du bétail (orge). Actuellement, il est cédé à 2.700 DA le quintal alors que chez l'Etat il est soutenu au prix de 1.385 DA. Les éleveurs sont contraints à se soumettre au diktat des spéculateurs sur l'aliment du bétail. Car au niveau des organismes régulateurs ils ont moins de chance pour acquérir la précieuse céréale comme le font les spéculateurs. Les brasseurs de bières sont également intéressés par cet aliment afin de produire plus les rafraîchissements très demandés en cette saison. Quant aux bouchers, eux aussi, sont soumis à la loi des chevillards qui agissent en toute quiétude sur les places de transactions et dans l'enceinte des abattoirs. Les importateurs de viande congelée trouvent aussi leur intérêt dans le dérèglement du marché de la viande fraîche et font, en sorte, pour que les chevillards ne soient pas dérangés. L'absence de l'Etat et de services régulateurs surtout au niveau du ministère de tutelle encourage la besogne des grossistes.