Alors que les autorités algériennes ont assuré le service minimum pour les commémorations du 50e anniversaire de l'indépendance, l'ACDA (Association pour le changement et la démocratie en Algérie), en partenariat avec le Cabaret sauvage, a réussi le pari de fêter cet événement avec la participation de l'immigration algérienne en France. Environ 400 personnes ont assisté, le dimanche 8 juillet, au débat animé par Sanhadja Akrouf, membre de l'ACDA, créée au lendemain des «printemps arabes», sur le thème de «Combat d'hier, espoir d'aujourd'hui, démocratie de demain». La teneur des échanges entre les participants a consisté à faire le lien entre l'héritage et les valeurs de la guerre de Libération nationale et les perspectives politiques pour les luttes démocratiques et sociales en Algérie. Les organisateurs de l'événement, eux-mêmes, ont été surpris par l'affluence, au point qu'une partie du public, qui s'était déplacée, n'a pas pu accéder à la salle. La moudjahida, Fatouma Ouzegane, a été la première à prendre la parole. Ce petit bout de femme de 84 ans, habitée par l'énergie de l'amour de son pays, a le triste privilège d'avoir connu les geôles de l'armée française et les prisons de l'Algérie indépendante. A l'heure où beaucoup d'autres gèrent leur rente, elle continue le combat en témoignant du rôle politique des femmes durant la guerre de Libération nationale et tout au long des luttes démocratiques post-indépendance. Saâd AbsiI, ancien responsable de la Fédération de France du FLN, a souligné le rôle de l'immigration durant la guerre et son attachement permanent à son pays. Le dernier témoin était Alban Liechti, jeune appelé du contingent à l'époque, et premier communiste français qui a refusé d'effectuer son service militaire durant la guerre d'Algérie, car il avait estimé que la lutte pour l'indépendance était une cause juste. Auteur du livre Les soldats du refus, qui raconte cet engagement payé par une condamnation à de la prison, il a évoqué ces Français qui se sont engagés aux côtés des Algériens. Sabra Sahli, jeune militante de l'ACDA, a assuré le passage de témoin entre les générations en formulant le souhait que la jeunesse algérienne soit à la hauteur de l'engagement de ses aînés en prenant sa part au combat pour la démocratie et la justice sociale. En conclusion, Sanhadja Akrouf a salué la présence de militants tunisiens et marocains et a rappelé les bouleversements survenus récemment dans les pays voisins, en espérant que les luttes de tous les peuples de la région permettront l'avènement de véritables démocraties. Même si le temps imparti au débat n'a pas permis de donner la parole au public, ce que certains participants ont déploré, les réactions étaient unanimes pour saluer cette initiative. La fête s'est prolongée jusque tard dans la nuit par un concert de musique représentant toute la diversité culturelle et musicale de notre pays. Le public, venu nombreux, toutes générations confondues, dire sa fierté d'être Algérien, n'a pas hésité à interrompre à plusieurs reprises les chanteurs en scandant des slogans pour une Algérie libre et démocratique.