Au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis, les autorités britanniques avaient décidé de prendre le taureau par les cornes en faisant adopter par le Parlement une loi antiterroriste très stricte qui permet de détenir sans jugement toute personne étrangère soupçonnée d'être liée à des activités terroristes si elle refusait d'être extradée vers son pays d'origine. Le résultat ne s'était pas fait attendre. Une quinzaine de personnes avaient été arrêtées, dont des Algériens, et détenues depuis 2002 à la prison de haute sécurité de Belmarsh, à Londres. Deux d'entre elles ont été libérées depuis. Un Marocain qui a décidé de retourner dans son pays et un Jordano-Palestinien. Le centre de détention a été surnommé « le Guantanamo britannique » en raison des limites imposées au respect des droits de l'homme. Un Algérien, dont le nom n'a pas été divulgué pour des raisons judiciaires, a déclaré dans une longue interview à l'hebdomadaire The Observer, dimanche dernier, que les conditions de détention à Belmarsh étaient tellement sévères qu'il demanderait à retourner au pays lors de sa prochaine audition par les responsables de l'immigration. Le Premier ministre Tony Blair est revenu sur la lutte antiterroriste mardi dernier lors de son point de presse mensuel en déclarant que « nous avons donné un tour de vis supplémentaire à la loi antiterroriste, et nous avons également renforcé notre capacité à expulser les gens ». Et d'ajouter : « Il est important pour nous de chercher à renforcer toujours un peu plus le cadre de la loi. » Son ministre de l'Intérieur, David Blunkett, est souvent critiqué par les organisations des droits de l'homme pour son « implacable volonté » à défendre bec et ongles la loi antiterroriste dont il est le principal architecte. Démonstration de force La Grande-Bretagne, estiment les spécialistes, s'est vu obligée d'agir afin de montrer à son opinion publique qu'elle n'hésiterait pas à appliquer des méthodes musclées pour faire face à la menace terroriste et qu'elle n'était pas, contrairement à ce que l'opposition conservatrice répétait à l'envi, un « safe haven » (un refuge sûr) pour les terroristes étrangers. Elle se devait, ensuite, de répondre aux injonctions de l'Administration Bush de sévir contre les réseaux terroristes qui avaient fait de Londres leur base arrière. C'est ainsi que les Abou Qatada, Abou Hamza et autres extrémistes ont été mis sous les verrous. La mosquée de Finsbury Park, dans le nord de Londres, utilisée par Abou Hamza, d'origine égyptienne, comme lieu de recrutement de jeunes pour l'Afghanistan et autres maquis islamistes, a été fermée dans un premier temps, avant d'être rouverte et placée sous la direction d'un courant islamiste modéré qui avait été éjecté par les partisans de l'imam égyptien au départ. Les autorités ont aussi décidé de procéder à un contrôle très strict de la formation des imams dans le but d'éliminer les imams intégristes de la communauté musulmane du pays. Un des vice-ministres de l'intérieur, Fiona Mactaggart, a annoncé dernièrement que que le gouvernement s'apprêtait à entamer des consultations sur les critères que des imams étrangers doivent remplir avant d'être admis dans le pays pour conférences ou prière du vendredi. Et le Front islamique du salut, Fis, le Gia et le GSPC dans tout cela ? Disparus de la circulation. Le FIS avait réellement pignon sur rue à Londres, opérant de véritables « descentes » sur tous évènements, conférences, séminaires et autres manifestations sur l'Algérie. Toute la panoplie des méthodes extrémistes était appliquée : distribution de tracts et de littérature de propagande, tentative d'empêcher des orateurs qui ne partageaient pas leurs vues de prendre la parole, menaces, slogans et des « Aliha nahya aliha namout » qui fusaient. Aujourd'hui, on ne les voient plus.