Que le mois de Ramadhan revienne demain ou après-demain, ce n'est plus la préoccupation des Algériens. La preuve, même l'association Sirius, qui a l'habitude d'intervenir sur ce jeu de dates, a décidé de ne plus faire dans l'annonce, car ne faisant plus l'actualité auprès des Algériens. La préoccupation se trouve plutôt du côté de la mercuriale que plus personne n'arrive à gérer. Les citoyens, encore moins les gouvernants, ne semblent pas en mesure d'affronter le diktat d'un marché qui s'organise en puissance, loin de toute légalité, dans une cacophonie sans pareille, au grand dam des consommateurs. Bien évidemment que le fait n'est pas nouveau, mais le mois de Ramadhan constitue un baromètre, une sorte de repère pour mesurer toute l'étendue de la gestion catastrophique de la vie sociale. C'est d'ailleurs durant ce mois, redouté tout en étant sacré, que tous les dépassements sont permis ; c'est la période de tous les excès, c'est aussi le moment choisi par le ministère du Commerce pour balancer son sempiternel communiqué pour faire part de la mise en place d'un dispositif spécial pour approvisionner et contrôler le marché. Du déjà vu qui ne semble pas trop déranger les responsables du ministère qui se veulent rassurants, mais qui ne sont jamais pris au sérieux par des pères de famille rodés à ce genre d'opérations conjoncturelles qui n'ont aucun effet sur le terrain. La réalité du marché, ce n'est pas un Ramadhan sans pénuries de produits alimentaires de base et des prix sous contrôle, comme veut le faire croire le ministère du secteur, c'est plutôt un mois où les populations sont confrontées à une augmentation de 20% sur les prix à la consommation, comme le prédit l'UGCAA. Aujourd'hui que le marché est ouvert à tous les trabendistes du coin, il devient presque indécent de parler de ces batteries de mesures que compte prendre le ministère de tutelle pour stabiliser les prix. Lorsque le marché des fruits et légumes est pris en charge par des camionnettes qui n'offusquent plus personne, même si elles stationnent dans les plus belles artères de nos villes, qui peut alors promettre une régulation du marché, loin de toute spéculation ? Certainement pas le gouvernement, qui n'est pas encore en place. Ce sont donc autant d'interrogations qui ne trouveront pas de réponse dans cet espace, surtout lorsque l'on sait que la même question s'imposera d'elle-même l'année prochaine.