Si le régime de Bachar Al Assad est parvenu à desserrer l'étreinte à Damas où les rebelles ont réussi, mercredi dernier, à décapiter son organisation sécuritaire, il commence néanmoins à perdre la maîtrise des frontières. L'Armée syrienne libre (ASL), formée de déserteurs et de civils armés, contrôlait hier le principal des trois postes-frontières avec l'Irak, selon les autorités irakiennes. Sur la frontière turque, les rebelles syriens contrôlaient également, avant-hier, le poste-frontière de Bab Al Hawa, après des combats jeudi dernier avec l'armée syrienne. Ce poste syrien est situé en face du poste turc de Cilvegözü, dans la province de Hatay (sud), qui abrite des camps de réfugiés syriens. Les rebelles de l'ASL ont, par ailleurs, tenté hier de prendre le contrôle de Nassib, un poste-frontière avec la Jordanie, mais ils ont été repoussés par les troupes gouvernementales syriennes. «Les combattants de l'Armée syrienne libre ont tenté vers midi de prendre le contrôle, côté syrien, du poste-frontière de Nassib, mais ils ont échoué après des combats avec les troupes régulières», a indiqué à la presse un haut responsable de la sécurité jordanien. Ce poste-frontière relie Deraâ, haut lieu de la contestation dans le sud de la Syrie, et la province jordanienne de Ramtha, qui accueille également un grand nombre de réfugiés syriens. Au total, le royaume jordanien a déjà accueilli plus de 140 000 Syriens. Anticipant sur l'effondrement du régime, La France a dit souhaiter «la formation rapide d'un gouvernement provisoire représentatif de la diversité de la société syrienne et que l'opposition se mette en ordre de marche pour diriger la Syrie». «Quelles que soient ses manœuvres, le régime de Bachar Al Assad est condamné par son propre peuple, qui fait preuve d'un grand courage. Le moment est venu de préparer la transition et le jour d'après», a indiqué hier le ministère français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, dans une déclaration. Le ministre français a mentionné avoir «pris un certain nombre de contacts, notamment avec le secrétaire général de la Ligue arabe, ainsi qu'avec le Premier ministre du Qatar». «Nous souhaitons la formation rapide d'un gouvernement provisoire qui devra être représentatif de la diversité de la société syrienne. La France soutient pleinement les efforts de la Ligue arabe dans ce sens», a-t-il ajouté. La France prépare l'après-Assad Au plan diplomatique, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est félicité, hier, de l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution autorisant la prolongation de 30 jours de la mission des 300 observateurs des Nations unies en Syrie. M. Ban a estimé—lors d'une conférence de presse sur l'île de Brijuni en Croatie—que le vote unanime représentait un «signal constructif» et demandé au Conseil de sécurité de «redoubler d'efforts pour parvenir à avancer d'une manière unie» vers une solution à la crise syrienne. Le secrétaire général de l'ONU a renouvelé son appel à «toutes les parties en Syrie, gouvernement et forces de l'opposition, de cesser les violences armées sans aucune condition», soulignant que «le gouvernement syrien, en premier lieu, doit cesser les tueries et l'utilisation d'armes lourdes contre les agglomérations». «Les tueries et les violations des droits de l'homme doivent cesser» afin de «passer rapidement à une transition pacifique et à un dialogue politique» entre les parties syriennes en conflit pour parvenir à la paix, a-t-il insisté. M. Ban a, en outre, estimé que le gouvernement syrien a «échoué» dans la protection des civils. Sur le terrain des combats, au moins 24 personnes ont été tuées dans la seule journée d'hier. Des affrontements opposaient l'armée aux rebelles notamment à Deraâ et à Alep, nouveau front ouvert après le déclenchement de la «bataille de Damas» dans laquelle les forces régulières ont repris la main. La semaine de violents combats dans Damas et l'attentat contre les principaux chefs de l'appareil sécuritaire ont tout de même grandement fragilisé le pouvoir du président Bachar Al Assad. Pour de nombreux observateurs, sa chute n'est désormais plus qu'une question de temps. Selon le chef de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, «les autorités ne contrôlent véritablement que 50 à 60% du territoire syrien».