Plus de 19 000 personnes ont péri dans les violences en Syrie depuis le début de la contestation en mars 2011, a indiqué, hier, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui établit un décompte quotidien des morts dans le pays. Sur les 19 106 personnes tuées selon un dernier bilan, la majorité sont des civils (13 296). Selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, 4 861 soldats loyaux au président Bachar al-Assad et 949 déserteurs ont été tués dans les violences. L'OSDH, basé en Grande-Bretagne et dont les informations proviennent généralement d'un réseau de militants et témoins en Syrie, ne fait pas de distinguo dans son bilan global entre les rebelles et la population civile. Le chiffre de 13 296, qui représente plus des deux tiers des morts, comprend donc de simples civils ainsi que des civils ayant pris les armes pour rejoindre la rébellion. Le bilan n'inclut pas les milliers de personnes en détention et dont les proches n'ont pas de nouvelles, a ajouté M. Abdel Rahmane. Il est impossible d'obtenir un bilan de source indépendante depuis que l'ONU a cessé de comptabiliser fin 2011 les victimes de ce conflit sanglant. Les insurgés lancent une opération pour "libérer" Alep Le commandant de l'insurrection dans la province d'Alep (nord) a annoncé, hier, le lancement d'une opération pour "libérer" la ville des forces gouvernementales La déclaration du colonel Abdul-Jabbar Mohammed Aqidi a été mise en ligne sur Internet par des militants de l'opposition. Elle intervient alors que de violents combats se déroulaient,hier, pour la troisième journée consécutive dans plusieurs quartiers d'Alep entre forces gouvernementales et insurgés de l'Armée syrienne libre, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et des militants sur place. Restée largement fidèle au président Bachar el-Assad, Alep était jusque-là relativement épargnée par le conflit. Les insurgés tentent de profiter d'une semaine de combats dans la capitale Damas, marquée par un attentat à la bombe qui a touché au cœur le régime alaouite, tuant quatre de ses hauts responsables, dont le ministre de la Défense, l'ancien général Daoud Rajha. De leurs coté, les forces de Bachar el-Assad ont poursuivi, dans la soirée d'avant-hier, leur contre-offensive à Damas tout en essayant de reprendre aux insurgés un quartier d'Alep, nouveau front dans la bataille entre le régime syrien et ses adversaires. Appuyées par des blindés et des hélicoptères, les forces gouvernementales ont visé des poches tenues par des rebelles légèrement armés à Damas, théâtre depuis une semaine d'une offensive des insurgés pour tenter de renverser le régime Assad après 16 mois de soulèvement. Selon des habitants, le fracas des bombardements était si intense dans la soirée d'avant-hier, qu'il était impossible de distinguer le son du canon marquant traditionnellement la fin du jeûne quotidien durant le mois du Ramadan. … et occupent un deuxième poste-frontière avec la Turquie Les rebelles syriens se sont emparés, hier, d'un deuxième poste-frontière syrien avec la Syrie, après avoir pris jeudi celui de Bab al-Hawa, a affirmé source diplomatique turque. Les rebelles occupent le poste d'Al-Salama, au nord d'Alep (nord), et face au poste-frontière turc d'Öncüpinar, dans la province de Kilis (sud), depuis 07H00, hier matin,(04H00 GMT). Al-Salama est le deuxième poste-frontière avec la Turquie à tomber aux mains des rebelles au régime de Damas, après celui, jeudi, de Bab al-Hawa, à l'ouest d'Alep, face au poste turc de Cilvegözü, dans la province de Hatay (sud). Un groupe d'environ 150 combattants venus de divers pays musulmans et se revendiquant de mouvements islamistes armés tenaient avant-hier, Bab al-Hawa, selon un photographe de sur place. La frontière turco-syrienne, longue de 877 kilomètres, compte sept postes-frontières actifs, dont un ouvert uniquement pendant les fêtes religieuses, aux seuls piétons. Fin de la mutinerie à la prison de Homs, deux détenus tués Les autorités syriennes ont mis fin, avant-hier, à une mutinerie qui avait éclaté dans la prison centrale de Homs, dans le centre de la Syrie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Selon cette ONG, les autorités ont mis fin à la mutinerie et repris le contrôle du bâtiment, où deux détenus ont trouvé la mort. Les circonstances de leur mort n'ont pas été précisées. Depuis le déclenchement en mars 2011 du soulèvement contre le régime du président Bachar al-Assad, des dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées. Homs, souvent présentée comme la "capitale de la révolution" et régulièrement pilonnée par l'armée syrienne, a payé le plus lourd tribut de ce soulèvement qui a fait rappelons-le près de 19 000 morts. Fabius veut la formation rapide d'un gouvernement transitoire Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a appelé, avant-hier, l'opposition syrienne "à se mettre en ordre de marche" pour former rapidement un "gouvernement provisoire représentatif de la diversité de la société syrienne". "Quelles que soient ses manœuvres, le régime de Bachar el-Assad est condamné par son propre peuple, qui fait preuve d'un grand courage. Le moment est venu de préparer la transition et le jour d'après", a affirmé M. Fabius dans une déclaration écrite. Le ministre français dit avoir pris un certain nombre de contacts, notamment avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, ainsi qu'avec le Premier ministre du Qatar, Hamad Bin Jassim al-Thani. "Nous sommes tous d'accord pour considérer que l'heure est venue pour l'opposition de se mettre en ordre de marche afin de prendre les commandes du pays", souligne-t-il. "Nous souhaitons la formation rapide d'un gouvernement provisoire qui devra être représentatif de la diversité de la société syrienne. LaFrance soutient pleinement les efforts de la Ligue arabe dans ce sens", ajoute-t-il. La France est prête "à toute initiative - y compris la tenue à Paris d'une réunion ministérielle - en vue de consolider les efforts des pays arabes dans la construction de la Syrie de demain". Hervé Ladsous à Damas Face à la poursuite des violences, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a annoncé, avant-hier, l'envoi en Syrie de son sous-secrétaire chargé des opérations de maintien de la paix, le diplomate français Hervé Ladsous, afin de rendre compte de la situation sur le terrain. Hervé Ladsous sera accompagné du principal conseiller militaire de Ban Ki-moon, le général sénégalais Babacar Gaye. La volonté des pays occidentaux de menacer le régime syrien de sanctions s'est une nouvelle fois heurtée jeudi à un veto de la Russie et de la Chine au Conseil de sécurité de l'ONU.