La direction de l'environnement de la wilaya d'Alger attend qu'une entreprise réponde à l'appel d'offre lancé à la mi-juillet. Le Centre d'enfouissement technique de Ouled Fayet sera bien fermé. Ainsi en a décidé la justice en 2007. Mais cinq ans plus tard, les riverains de ce qui est devenu une décharge à ciel ouvert n'en peuvent plus. «Cette odeur d'oignon pourri te colle à la peau, reste dans ta tête, tu ne peux pas t'en défaire. Et quand on passe le doigt sur la fenêtre, il devient tout noir.» Jihane, 25 ans, habite à Baba Hassen. Voilà cinq ans que la décharge de Ouled Fayet pollue la vie des habitants des communes environnantes. Le 11 juillet dernier, un appel d'offres international a été lancé pour trouver une entreprise qui se charge de la fermeture de ce qui devait être un Centre d'enfouissement technique performant et qui est devenu, au cours des années, une décharge. Une fermeture déjà prononcée par décision de justice en 2007, suite aux protestations récurrentes de la population. Désagréments Un Central Park à l'algérienne : voilà le projet (voir illustration ci-contre) tel qu'il a été pensé et tel qu'il se trouve à la direction de l'environnement, à quelques kilomètres de là, à Bab El Oued. Un document que les habitants de la zone de Ouled Fayet ne connaissent pas. Mais Abdou Benachenhou, ingénier pétrolier et président de l'Association de l'environnement des habitants de Baba Hassen (commune touchée par les désagréments de la décharge, avec Douéra et Ouled Fayet) ne croit pas à sa reconversion. «Il est impossible de transformer cette décharge en espace de détente, tant les sols sont infiltrés de lixiviats et de gaz toxiques et explosifs», s'emporte ce militant mobilisé depuis 24 ans par son combat contre la décharge. Plus que les désagréments dus aux odeurs, c'est l'ensemble des considérations sanitaires et écologiques confirmées par des médecins présents lors de notre rencontre qui sont mises en avant. «La nappe phréatique est touchée !, affirment les membres de l'association parmi lesquels figurent des médecins. Quand on voit le bétail boire dans les eaux usées rejetées par les installations de la décharge qui ont cédé, il y a de quoi s'inquiéter !» Pour le docteur Abad, résidant à Baba Hassen, le constat est sans appel : «Dans les communes avoisinant la décharge, les cas d'asthme, de maladie de la peau, de maladie respiratoires, dont la tuberculose, se sont multipliés ces dernières années.» A la direction de l'environnement, Messaoud Tebani essaie tant bien que mal de défendre un projet qui, finalement, souffre surtout d'un manque de communication et d'un problème de sous-traitance. Car à lire le cahier des charges original du CET, la station d'Ouled Fayet correspondait au niveau d'exigence des standards internationaux. «La fermeture et la réhabilitation de la décharge ont été budgétisées et inscrites au plan quinquennal 2010-2014 de la wilaya d'Alger. On ne mérite pas cet acharnement, s'insurge-t-il en réaction aux manifestants qui ont coupé la route en début de juillet. Il faut comprendre : pour des raisons techniques, on ne peut pas fermer la décharge du jour au lendemain.» Interrogé sur la contamination des sols, il argumente aussi : «L'étude livrée en 2008 a prévu d'extraire les biogaz et d'épurer les lixiviats par des turbines d'aspiration à la tête de chaque puits.» Selon lui et les chefs de projet présents lors de notre entretien, les accusations relatives à la pollution de la nappe phréatique ne sont pas fondées, car sur place, «il n'existe pas de nappe, il s'agit d'un terrain argileux.» A Baba Hassen, les habitants n'en démordent pas. «On a travaillé toute une vie pour avoir une retraite tranquille, témoignent-ils en chœur. On n'a pas demandé à se réveiller et à s'endormir avec cette odeur insupportable…»