C'est une tradition de la table du Ramadhan à Mostaganem : à la traditionnelle chorba m'katfa et autres plats nobles est associé le plat le plus rudimentaire qui soit, la karantika. A base de pois-chiches moulus, d'eau et d'œufs, ce plat réputé dans l'Ouest algérien draine les foules. «Nous doublons les ventes durant le mois de Ramadhan», nous confie un artisan. «Moi, j'ai fait une commande à l'avance pour tout le mois. Les plats partent comme des petits pains», explique un consommateur. Le plat, réputé très copieux, est vendu dans la région toute l'année, mais seule la ville de Mostaganem continue sa production durant le mois de Ramadhan. La karantika est partout, chez les vendeurs de rue, les pâtisseries et parfois même dans les magasins d'alimentation. Certaines maîtresses de maison préfèrent, cependant, la préparer elles-mêmes. Elle est tout aussi prisée que les gâteaux traditionnels (chamia et zlabia). Elle est consommée dès la rupture du jeûne, accompagne la chorba ou au s'hour. Les avis sont partagés quant à l'origine de cette tradition culinaire. Certaines sources la rendraient aux années de colonialisme où, nécessiteuses, les familles consommaient ce plat nourrissant et riche en protéines pour surmonter les carences en viande et en produits laitiers, tandis que d'autres sources lui prêtent une origine plus récente : le développement de la vie universitaire et l'implosion de la culture du fast-food.