Le chapiteau de l'hôtel Hilton à Alger a accueilli, jeudi soir, le groupe mythique Gnawa Diffusion. Un concert de haute facture qui a, hélas, enregistré un débordement de taille. Pour le retour du groupe Gnawa Diffusion sur scène après cinq ans d'absence, un rush était prévisible. Il a dépassé les espérances des organisateurs. Dès 19h, l'entrée du chapiteau était déjà squattée par de jeunes fans munis de leur repas. Pour la plupart d'entre eux, il n'était pas question de rompre le jeûne chez soi et de venir assister au concert. Les précautions de timing étaient de mise. Les autres, qui ont opté pour la deuxième solution, se sont retrouvés confrontés au problème de circulation. Il était pratiquement impossible d'avancer d'un mètre tant la circulation était dense. Les klaxons fusaient de partout. Les agents de police avaient un mal fou à réguler ces files d'attente. Après avoir galéré une bonne heure sur une distance d'une cinquantaine de mètres, quelle ne fut notre surprise de voir des grappes humaines s'agglutiner à l'entrée du chapiteau. Une bousculade incroyable s'offre aux yeux. L'allée menant à l'entrée est tellement exiguë qu'il y a déjà des premiers débordements. A force de pousser, des jeunes tombent. Sous la violence de la bousculade, des barrières ont été déplacées. Tout le monde était pressé de payer son ticket pour entrer alors que la logique aurait voulu que la vente s'effectue la veille ou dans la journée et non pas deux heures avant le concert, sachant qu'Amazigh Kateb draine la foule. Les vigiles ont eu toutes les peines du monde à calmer les esprits de certains jeunes survoltés. La tension monte d'un cran quand un jeune s'évanouit. Pendant que ce dernier est évacué à l'intérieur du chapiteau, certains resquilleurs ont profité de ce moment pour s'infiltrer à l'intérieur. La chasse aux personnes ne portant pas le fameux bracelet bleu au poignet est alors lancée. Une preuve perceptible que le ticket a été payé, mais la foule était tellement dense qu'il était impossible de contrôler tout le monde. Si la plupart des jeunes étaient hyper excités, il n'en demeure pas moins que certains vigiles ont fait preuve de violence à l'égard du public. Certains d'entre eux étaient munis de ceintures ou de gourdins. Comment a-t-on pu recruter de telles personnes censées assurer la surveillance et la protection des personnes ? Devant l'envenimement de la situation, certains spectateurs ont préféré rebrousser chemin. Les plus tenaces sont arrivés à rentrer. Après que les esprits se soient calmés, le concert commence à 22h30, alors qu'il était prévu à 22h. L'impatience est encore une fois à l'honneur. En témoignent ces coussins et ces bouteilles d'eau minérale vides voltigeant dans les airs. Une chaleur suffocante règne, ajouté à cela l'odeur de la cigarette. La fumée était tellement dense que parfois qu'on avait du mal à distinguer les gens. «El chaâb yourid el zetla» (le peuple veut de la drogue), lance le public tout excité, en référence à l'un des albums de Gnawa Diffusion. Amazigh apparaît enfin. Vêtu à la mode gnawi, il fait vibrer son gumbri au rythme des autres instruments musicaux. Véritablement bête de scène, le leader du groupe, accompagné de ses brillants musiciens, a tenu en haleine le public durant trois heures entières. Un public exigeant connaissant par cœur les chansons entonnées. D'anciens et nouveaux titres sont chantés, à l'image de Salem alikoum, Baba Mimoune, Marchez noir, Bismi el houria et El Djamhrouria, Mazel Hay, Douga Douga, Koubaili et Bab El Oued Kingston. Au fur et à mesure qu'un tube s'égrène, l'adrénaline monte d'un cran. Quelques présents enlèvent leur tee-shirt et leur tricot de peau. C'est dire qu'ils sont fortement influencés par leur idole. Les lampions de cette soirée se sont éteints avec la promesse d'Amazigh Kateb de revenir prochainement à Alger pour un autre concert. Gageons que le prochain rendez-vous ne sera pas entaché de ce genre de dysfonctionnements.