Le mouvement de protestation des gardes communaux se durcit. Dans certaines régions, ils refusent d'obéir aux ordres des militaires et de participer à des opérations sécuritaires. Dans plusieurs wilayas, des agents sont désarmés et licenciés. Une série de sanctions sont prises contre les gardes communaux entrés en protestation. Pour les membres de la coordination nationale, «ces sanctions et pressions sont infligées même à certains délégués en guise de représailles contre tout agent qui ose quitter son poste de travail et tous ceux qui ont participé aux deux marches et au rassemblement el karama de Boufarik». Aliouat Lahlou, membre actif de la coordination nationale des gardes communaux, persiste et signe : «Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, n'a aucune volonté de trouver une solution à notre problème.» Le même délégué confirme que plusieurs éléments de la garde communale subissent quotidiennement des pressions émanant de leurs chefs militaires. Et pour mettre un terme à ces pratiques, le délégué national a avoué que «des instructions» ont été données aux gardes communaux pour ne pas collaborer avec l'armée. Un acte de désobéissance. Un appel a été donc lancé par les délégués de la coordination nationale aux agents de ne pas participer dans les opérations de ratissage de l'armée et dans les barrages routiers de la Gendarmerie nationale. Notons que des milliers de gardes communaux n'ont pas encore perçu leur salaire du mois de juillet. «C'est inadmissible ! Ils ont osé bloquer le salaire des milliers de gardes communaux, alors que nous sommes en plein mois de Ramadhan, c'est injuste, ils veulent pousser la situation au pourrissement», dénonce M. Lahlou qui a communiqué le nombre des agents par wilaya qui n'ont pas encore touché leurs salaires et les primes de rendement. Selon lui, «600 éléments à Bouira, 1000 à Boumerdès, 1500 à Tipasa». Notons également que ce délégué a été démis de ses fonctions de garde communal au niveau de la wilaya de Bouira. Une situation qui a provoqué l'ire des gardes communaux qui ont organisé deux sit-in de protestation devant le siège de la même wilaya. 400 éléments suspendus De son côté, le coordinateur national des gardes communaux, Chouib Hakim, contacté par téléphone, informe que «les autorités ont mis fin aux fonctions de plusieurs agents». Selon lui, la wilaya d'Alger est en tête avec plus de 400 éléments suspendus. Notre interlocuteur confirme que l'opération militaire engagée en vue de désarmer les gardes communaux qui participent au mouvement de protestation se poursuit toujours. Selon lui, environ 3000 éléments travaillant dans des détachements dans les wilayas de Béjaïa, Aïn Defla, Médéa, M'sila, Blida, Sétif et Bordj Bou Arréridj ont été désarmés. Il est utile de préciser que la quasi-totalité des postes d'observation (PO) implantés dans plusieurs wilayas du pays sont désertés. L'initiative avait été entamée à Bouira, précisément à Lakhdaria où, pour rappel, des dizaines de gardes communaux ont décidé au début du mois de juillet de remettre leurs armes au niveau de leurs détachements respectifs, et ce, pour rejoindre le campement de leurs collègues à Blida.