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Film de guerre : sa place dans le cinéma contemporain
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Publié dans El Watan le 01 - 08 - 2012

A notre époque, financer et faire des films de guerre n'est pas de la culture, c'est même de l'anticulture, mais parler de la guerre et la raconter, ça c'est de la culture.
Le cinéma est une expression vivante qui témoigne de l'époque de son vivant. Il est aussi une vitrine de toute société que l'auteur perfectionne pour moraliser et immortaliser son vécu. Les faiseurs de cinéma sont de même ordre que les sculpteurs et les peintres, censés juxtaposer l'espace, approcher, démystifier la nature et le monde qui l'entoure dans le présent. Demander à un réalisateur de filmer la guerre qu'il n'a pas vécue, c'est imposer à un peintre ou à un photographe d'illustrer une image inexistante dans son champ visuel. L'imagination est la base de toute création ; toutefois, elle est absente dans le film de guerre, sans faire l'amalgame entre ce genre de films et le film d'époque.
Le film de guerre est à l'oubliette, car il n'a plus de place dans le cinéma contemporain. Très coûteux, pas rentable, très long à monter (5 ans au moins) et il ne répond pas aux nécessités des sociétés modernes. Par son grand budget, par sa conception et par sa faisabilité, le film de guerre est devenu quasi impossible à mettre en chantier. Le genre s'est réduit dans le domaine de la bande dessinée, dans le jeu vidéo et le numérique l'a approprié et ça marche ! Les producteurs, les télévisions publiques et privées sont dans l'incapacité de monter des productions lourdes, et s'ils le font, ils appauvrissent leur cinéma et ne donnent pas du travail à la majorité des cinéastes.
Cependant, les acteurs ne lisent plus des scripts de ce genre, les cinéphiles s'en passent, les intellectuels boycottent et le grand public est branché, rivé sur un cinéma qui reflète son quotidien et qui lui a apporté gaîté et joie. Même avec l'argent public, des créateurs respectueux sont incapables de monter des opérations d'envergure par peur d'échec et d'abaissement, et des jeunes réalisateurs ne s'aventurent pas dans le genre alors que les sujets s'entassent. Les cinéastes chevronnés, certains ont pris de l'âge, vides de toute énergie, et d'autres, hélas, sont morts. Mais au moins, certains films méritaient de se faire afin de témoigner de l'atrocité, du traumatisme, du désastre et des conséquences néfastes de la guerre. Des chefs-d'œuvre marqueront l'histoire du cinéma. Les maîtres des films de guerre (les Américains) se sont détachés depuis une décennie, alors qu'ils ont participé à toutes les guerres et en ont provoqué quelques-unes, mais ils continuent de développer des téléfilms abordables.
Des cinéastes comme Kubrick, Coppola, Alain Parker, Oliver Stone, Yves Boisset, Bertrand Tavernier, Ken Loatch, René Vautier, Hamina, Rachedi et d'autres, chacun à son niveau, ont fait évoluer le film de guerre. J'aborde cette approche sans aucune polémique afin d'être objectif et réaliste (pas réalisateur) et pour que cette ébauche trouve une petite place dans le débat actuel pendant que nous célébrons le cinquantenaire dans la joie et la bonne humeur sans passer par une révolution dite arabe. Alors, au lieu de se dégager, dégageons la route pour le travail, les bonnes idées, la réflexion et les critiques constructives pour le reste du siècle.
Parmi les genres cinématographiques, le film de guerre est un film d'aventure qui se déroule pendant un combat ou un conflit militaire, son traitement est accompagné souvent par une arrière-pensée politique ou patriotique.
A l'écran, la vie perd de sa crédibilité, et la partie macabre est bien exposée. Soldat et spectateur en sortent rarement indemnes ! Beau à voir. Je prendrai à titre d'exemple quelques références qui sont singulièrement des films de guerre engagés en mettant l'accent sur leurs spécificités. Les sentiers de la gloire (1957) de Stanley Kubrick, un film sur la guerre de 1914/1919. Le paradoxe, il est aussi un film antiguerre où l'ennemi n'apparaît pas à l'écran. Le film a été interdit et censuré en France des années par la droite comme par la gauche, y compris les communistes de l'époque, car son sujet confirmait la bêtise, l'inconscience et le crime de généraux français et allemands. Il montre comment ces officiers envoyaient leurs soldats à s'entretuer dans un champ de bataille alors qu'ils savaient que ces militaires allaient mourir. Des milliers de soldats ont péri, dont des centaines d'Algériens.
Patriotes (2000), un film américain réalisé par un Allemand, Roland Emmerich et joué par Mel Gibson, d'origine australienne. Il expose l'atrocité infligée par et entre les frères ennemis. Les nordistes et le sudiste (1775 à 1781) se tuent avant même d'exister comme une nation indépendante. Les USA sont, aujourd'hui, fondés par une seule Constitution et sous un seul drapeau. Quelqu'un a fait la question et la réponse : sais-tu pourquoi les Américains sont forts depuis cette époque ? La réponse était : ils ont vécu la guerre, et depuis, ils ont conçu une Constitution qu'ils n'ont jamais ni modifiée ni changée et qui les unit à jamais. Voilà où réside leur force.
Décembre (1972). Ecrit, réalisé par Mohamed Lakhdar Hamina et joué par Sid Ali Kouiret. Il s'agit d'une première fiction qui a pour sujet un drame psychologique qui parle de la torture et des méthodes criminelles d'interrogatoire exercées par les militaires français et approuvées par le pouvoir civil de Paris. Le film met l'accent sur cette pratique ignoble et rétrograde, dont certains Français ont hérité de leurs ancêtres, les Gaulois. Aujourd'hui, des générations de Français et d'Algériens la vivent encore mal. La Bataille d'Alger (1971), de Gillo Pontecorvo. Joué par le regretté Brahim Haggaig et Yacef Saâdi. C'était une première dans le cinéma mondial où on aborde pour la première fois une guerre urbaine. Un événement inédit ; malheureusement, il était censuré des années en France, et à cette occasion, je ne laisse pas l'opportunité à Bejamain Stora de dire le contraire (ce n'est pas de la censure), mais je me tairai devant le témoignage de M. Harbi s'il s'aligne sur son avis.
D'après l'œuvre du romancier Mouloud Mammeri, L'Opium et le bâton (1970), réalisé par Ahmed Rachdi, joué par le regretté Mutapha Kateb et Sid Ali Kouiret, c'est une première tentative, plutôt réussie, où la littérature et le cinéma se complètent et donnent naissance à l'unique bon film de guerre dans l'histoire du cinéma national à nos jours. Le film dénonce la terreur et la répression. Hélas, le dernier film du réalisateur Ben Boulaïd est un vrai gâchis, et c'est de l'argent public jeté par les fenêtres. Sans oublier le film L'Ennemi intime de Florent Emilio Siri (2006) avec Benoît Magimel, un comédien français d'origine algérienne. Le film dévoile l'usage du napalm par l'armée française contre les Algériens et leurs biens.
Le film Indigènes, de Rachid Bouchareb (2006), pour la première fois, trois comédiens beurs sont «tête d'affiche» d'un film français. Une magnifique interprétation surtout celle de Samy Naceri. Le film pose la question de ce comment et ce pourquoi partir mourir en Europe pour la mère patrie, en l'occurrence la France, alors qu'elle n'était ni mère ni père, seulement une force colonisatrice, méprisante... Hélas, le dernier film de l'auteur : Hors-la-loi, coproduit par l'Algérie avec l'équivalent de 4 millions d'euros, était de trop. Malgré sa réussite, notre pays n'a jamais fait entrer son argent sur les ventes du film.
Le film de guerre a plusieurs aspects : un avant-goût amer, il lie une idéologie prescrite à un endoctrinement voulu, il porte un effet psychologique négatif. Il est aussi un moyen de propagande et de mobilisation de la foule, un moyen au service des pouvoirs politiques pour s'exercer et demeurer. Un argument d'une dictature ou d'une démocratie tenant un double langage. Il ne pacifiera jamais une société et ne mettra jamais la conscience de ses enfants en éveil. C'est ainsi qu'il dérangera toujours les coutumes et l'usage d'un peuple. Il excitera les jeunes, fera émerger les rancunes, les règlements de comptes et la haine. Nous, les Algériens, suite à 122 ans de colonisation, avons vécu atrocement presque 8 ans de guerre. Aujourd'hui, 50 ans d'indépendance et de liberté méritées, il faut que nos producteurs revoient leur copie et avouent qu'un bon film de guerre vaut l'équivalent du budget de notre ministère de la Culture, même si on frappe à la porte de M. Bouteflika. Un moment donné, il faut choisir entre les affaires et la culture !
Et si on fait la culture autrement, et si on parle de la guerre et ses conséquences entre nous, et puis, entre nous et les Français, entre nous et le reste de monde, il suffit juste d'utiliser un langage concret sans passer par la fiction et mettre sur le tapis les problématiques suivantes : Quels étaient les effets de la guerre sur le plan politique (7 ans barqatte, «ça suffit»), l'armée des frontières et les résistants de l'intérieur, les harkis et leurs enfants ; les vrais et les faux moudjahidine ; le parti unique, le multipartisme, le rôle de la société civile, la place de l'artiste et l'intellectuel…
80% d'entre nous ont moins de 50 ans, ils sont dans le besoin de savoir, et si on ne répond pas, ils vont frapper et chercher la vérité à la porte d'en face. Parlons vrai de la guerre, avec sérénité, lucidité, franchise et loyauté sans passer par l'invention et la falsification. Mélangeons les vérités aux contre-vérités, les thèses aux contre-thèses, entre lesdits et les non-dits, entre ceux qui étaient contre et ceux qui étaient pour l'indépendance de notre pays, ceux qui ont participé, aidé et soutenu et ceux qui étaient pour l'Algérie française.
Nous lavons ce linge entre nous afin de le rendre propre aux générations futures. Imposer à la France de connaître son tort, sa barbarie, son génocide et son extermination de toute valeur à notre peuple, et laissons l'histoire aux historiens en leur donnant les moyens pour rétablir le vrai du faux. Et nous, les cinéastes, passons à autre chose sans oublier d'illustrer l'Algérie d'aujourd'hui.
Grosso modo, concernant la guerre de Libération, oui, pourquoi ne pas financer des petits films et des documentaires de première nécessité, quand il s'agit d'un travail créatif, historique, de recherche et de mémoire, surtout quand les textes sont écrits par des scénaristes et validés par des spécialistes de l'audiovisuel, de la littérature et de l'histoire. Sinon, chacun de nous écrit son scénario et hypothèque sa maison pour faire son propre film. Par contre, confisquer l'argent du cinéma algérien, dont les réalisateurs ont en droit, et l'éjecter par la suite dans quelques vrais faux projets, ça c'est un crime, et c'est une guerre qui ne figure pas encore dans nos livres.


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