On doit au congrès du Mouvement européen international, qui s'est tenu les 24, 25 et 26 février dernier à Alger, d'importantes résolutions, pour certaines fondatrices, qui influeront à terme sur le cours du dialogue nord-sud, qui fera désormais la part belle à la société civile des pays des deux rives de la Méditerranée. Parce qu'il est proche des citoyens dont il connaît les aspirations profondes, c'est sur le mouvement associatif que l'on comptera surtout pour dissiper les incompréhensions, susciter les échanges multiformes et faire de sorte que l'esprit de coopération prime sur les velléités de domination qui retardent l'émergence de cet imposant ensemble. La tâche est aussi importante qu'urgente et l'échec du dernier sommet euro-méditerranéen de Barcelone a apporté un démenti cinglant aux Etats qui s'étaient abrités derrière la confortable certitude qu'on pouvait édifier un ensemble aussi complexe du seul fait de l'intensification des échanges économiques et commerciaux. En mettant au centre du partenariat les marchandises plutôt que les hommes qui les produisent, le rapprochement entre les pays des deux rives, auquel aspiraient les textes fondateurs du mouvement européen, n'avait à l'évidence aucune chance de se réaliser de façon durable tant il vrai que des faits et évènements saillants viennent souvent rappeler aux pays de la rive sud que l'ensemble dans lequel on les a fourvoyés fonctionne selon une logique de domination et non pas de coopération, comme il leur avait été promis. Il s'agit aujourd'hui de faire amende honorable au processus de Barcelone que toutes les parties prenantes gagneraient à réajuster en tenant compte davantage des aspirations citoyennes. C'est précisément le mérite du Mouvement européen international, qui a compris que le projet d'union euro-méditerranéenne, trop souvent perturbé par l'étroitesse des calculs économiques et les maladresses politiques, avait besoin d'une vision concertée, certainement plus humaniste et généreuse que celle qui prévaut aujourd'hui, au risque de dissiper l'intérêt que portaient les populations, notamment celles de la rive sud, à ce projet grandiose. Le plus grand mérite du Mouvement européen international a été sans doute d'avoir compris que le processus de Barcelone était arrivé à un stade d'incompréhension, voire même de contestation et de blocage si grave qu'il fallait « descendre dans l'arène » pour avoir plus de chance de le remettre sur rails. D'où la judicieuse décision de tenir son congrès pour la première fois de son existence dans un pays de la rive sud de la Méditerranée, Alger en l'occurrence. La maîtrise de l'organisation, que l'on doit en grande partie à l'association des femmes algériennes chefs d'entreprises (SEVE), la qualité des débats aussi bien en ateliers qu'en plénière et la « déclaration d'Alger » qui a balisé les pistes de travail pour une dizaine de questions dont le dialogue nord-sud méditerranéen ne peut faire l'économie, ont à l'évidence conforté le Mouvement européen international dans l'opportunité du choix de l'Algérie comme pays hôte de ce congrès fondateur qui a eu le mérite de fédérer la société civile des pays des deux rives sur la vision future et les actions à entreprendre pour pérenniser et promouvoir la coopération multidimensionnelle entre les peuples du bassin méditerranéen.