Les non-musulmans rencontrent de nombreuses difficultés dans l'exercice de leur culte et les atteintes aux libertés religieuses se sont poursuivies durant l'année 2011, estime le département d'Etat des Etats-Unis d'Amérique. «La Constitution garantit la liberté de culte, mais d'autres lois, politiques et pratiques restreignent cette liberté. Le gouvernement n'a pas affiché une tendance à l'amélioration du respect et de la protection du droit à la liberté de culte, ni à sa détérioration», est-il affirmé dans le rapport annuel de la diplomatie américaine concernant l'état des libertés religieuses dans le monde. Poursuites judiciaires, harcèlement et intolérance populaire, refus de la part des autorités compétentes d'octroyer agréments et autorisations, refus de visas sont ainsi quelques-unes des restrictions auxquelles font face ces groupes religieux chrétiens et plus rarement juifs. Combien sont-ils ? «Selon des estimations officieuses, le nombre de citoyens algériens chrétiens et juifs varie entre 30 000 et 70 000, les chrétiens constituant l'écrasante majorité de ces groupes, expatriés inclus», rapporte le document. «Certains chefs religieux estiment qu'il est probable que seulement quelques centaines de juifs sont restés dans le pays», poursuit le département d'Etat américain. «Selon les dirigeants de la communauté chrétienne locale, les évangélistes sont les plus nombreux, suivis par les méthodistes, les membres d'autres confessions protestantes et les catholiques romains», ajoute le rapport. En sus, et toujours selon le département d'Etat, «un chef religieux a estimé qu'il y a entre 1000 et 1500 chrétiens coptes égyptiens vivant dans le pays». Par ailleurs, en plus de cette communauté expatriée, une proportion importante de résidents étrangers chrétiens, dont le nombre demeure difficile à estimer, sont des étudiants et des immigrants clandestins originaires d'Afrique subsaharienne, établis en Algérie ou en transit afin de rejoindre l'Europe. Et si la majorité de ces non-musulmans, expatriés installés en Algérie ou immigrés, sont plus ou moins tolérés par la société, les Algériens convertis à une autre religion sont, eux, exposés à de nombreuses brimades, tant gouvernementales, institutionnelles que populaires. Les convertis non tolérés par la société, condamnés par la justice Ils sont pourtant nombreux. «Il n'y a pas de statistiques normalisées sur le nombre de conversions religieuses, mais selon le ministre des Affaires religieuses, 150 étrangers se sont convertis à l'islam et 50 Algériens se sont convertis au christianisme au cours de cette année 2011», est-il rapporté dans le document. Le nombre réel de convertis est, l'on s'en doute, plus important. Beaucoup n'affichent pas leur nouvelle foi, par peur d'un rejet ou de représailles. «Il y a des rapports d'abus sociétaux ou de discriminations fondés sur l'appartenance religieuse, la croyance ou la pratique. Certains convertis au christianisme gardent un profil bas, et ce, en raison de préoccupations liées à leur sécurité personnelle ou afin d'éviter des problèmes juridiques et sociaux», déplore le rapport. Le département d'Etat rappelle d'ailleurs certains faits qui se sont produits au courant de l'année 2011 et qui attestent de cette répression. En mai 2011, le wali de Béjaïa a ordonné la fermeture de sept églises protestantes, affirmant que certaines tenaient des services clandestinement dans des locaux, comme les garages. Cet ordre n'a toutefois pas été appliqué. Dans le même mois, le tribunal d'Oran a condamné un converti au christianisme, Abdelkrim Siaghi, à cinq ans de prison pour prosélytisme. De même, les autorités ont persisté à ne pas accorder d'autorisation à certains groupes, en dépit du fait qu'ils remplissent les conditions posées par les ministères concernés. Le gouvernement a toutefois donné son accord à la venue de missionnaires, mais uniquement dans un cadre humanitaire. De ce fait, le récurrent problème d'octroi de visas s'est quelque peu amélioré, indique le rapport.