Depuis son inauguration le 31 mai dernier, l'unité de sénologie de Biskra à l'EHS Bennacer Bachir, près de 350 consultations ont été assurées par une équipe du service de sénologie du Centre Pierre et Marie Curie et une équipe locale qui a reçu une formation à Alger. Parmi ces malades, une vingtaine de femmes ont déjà été opérées et sont en attente des résultats d'anatomie pathologie pour entamer leur traitement de chimiothérapie. Plus d'une dizaine d'autres dont les cas sont suspects attendent également les résultats des examens pour être probablement programmées en chirurgie. La tranche d'âge de ces patientes varie entre 25 et 40 ans et parmi elles des jeunes filles. La mastectomie (ablation du sein) et le curetage sont les traitements chirurgicaux utilisés dans la majorité des cas. Ce qui montre que la vingtaine de femmes dépistées dans le cadre d'une opération lancée par l'association El Amel d'aide aux malades cancéreux, initiatrice de ce projet, ignoraient qu'elles étaient malades. Une unité qui a vu le jour grâce à la mobilisation de l'association El Amel et la grande collaboration des services de santé au niveau de la wilaya de Biskra. Sans la volonté et la motivation de l'équipe locale constituée de chirurgiens, radiologues, gynécologues, infirmiers et biologistes, ce projet n'aurait sans doute jamais vu le jour. L'association El Amel n'a ménagé aucun effort pour voir cette structure enfin sur pied. L'aide et l'assistance des praticiens chevronnés en sénologie et en oncologie, tels que le Pr Bendib Ahmed et Kamel Bouzid ont considérablement fait avancer les choses, en permettant déjà à une vingtaine de femmes d'être prises en charge dans les délais. «L'ouverture de cette structure est un grand soulagement sur les femmes de la région. Ce qui permettra à de nombreuses femmes d'être prises en charge dans les délais et un gain de temps très important. Ces femmes n'auront plus à se déplacer sur Alger au CPMC, où les places sont toujours limitées. Les rendez-vous sont également éloignés», se félicite la présidente de l'association El Amel, Hamida Kettab, qui nous explique que l'opération a débuté au mois de février dernier avec la formation d'une équipe médicale au niveau du CPMC. Cette formation, qui a duré six mois, a concerné une équipe de sénologues, un chirurgien, un radiologue, des techniciens et spécialistes en anatomie pathologie. Pour le moment, les analyses des pièces se font à Alger, en attendant d'équiper le laboratoire. Par ailleurs, l'unité qui est au niveau de la maternité «dispose d'une belle salle de radiologie avec un écho mammaire et la radio écho guidée, ce qui permettra aux patientes d'être prises en charge sur place et d'éviter de faire des kilomètres en plus pour faire une image. Ce centre va désengorger ceux d'Alger et de Constantine. Les femmes pourront se faire soigner tout près de chez elles entourées de leur famille. C'est très important pour elles et pour surmonter la maladie», a-t-elle déclaré. Et d'ajouter : «Il y a longtemps que je n'ai pas entendu un médecin dire à une patiente après une première consultation qu'elle sera admise à l'hôpital le lendemain. C'est une chose qui a complètement disparu. Nous avons réussi, grâce à la forte volonté de tous, à pouvoir diagnostiquer des cancers du sein plus tôt et à les soigner. Le but de notre association est de pouvoir ouvrir d'autres unités dans différentes régions du pays. La prochaine, sera si tout va bien, à Ouled Djellal.» Quant à la prise en charge en termes de chimiothérapie et de radiothérapie, Mme Kettab souligne que les malades seront prises en charge dans un service d'oncologie qui sera bientôt ouvert. Des oncologues sont depuis quelques semaines en formation à Alger. «Pour la radiothérapie, nous comptons sur le centre de Ouargla», a-t-elle précisé. Pour Hamida Kettab, si on veut faire de la lutte contre le cancer du sein, il faut aller vers les femmes. «La sensibilisation et la communication sont deux aspects importants dans la lutte contre cette maladie, mais il ne suffisent pas si les moyens de prise en charge sont limités ou simplement inexistants. Ce n'est pas toujours facile pour une femme atteinte d'un cancer du sein de venir d'une ville ou une autre à Alger, à Oran ou à Constantine pour se faire soigner. Cela demande beaucoup de temps et d'argent. Il est donc important d'aller vers elle et lui offrir les moyes d'accéder aux soins.» L'initiative est plus que louable et la multiplication d'un tel projet au niveau national est aujourd'hui indispensable. C'est aux pouvoirs publics d'encourager des équipes médicales et leur offrir les conditions nécessaires et plus de motivation pour accomplir leur travail.