Le président malien de transition, Dioncounda Traoré, a terminé samedi 4 août les consultations commencées le 30 juillet avec la classe politique et la société civile maliennes. Ces entretiens doivent lui permettre notamment de former le futur gouvernement d'union nationale et de faire face à la situation dans le nord du pays, actuellement sous le contrôle des djihadistes.Il s'agissait également d'avoir leurs avis sur le discours qu'il avait prononcé récemment sur la gestion de la période de transition. Les syndicats de la presse locale ont été les derniers acteurs à avoir été reçus par le chef de l'Etat malien. Ils ont eu la nette impression qu'après avoir écouté tout le monde, le président Traoré avait une vision nette de ce qu'il faut pour trouver une issue à la crise. Le président de la Maison de la presse du Mali, Makan Koné, a affirmé que «les entretiens avec le président ont porté sur les propositions qu'il a faites dans son discours à la nation». «Il a été notamment question de la liberté de la presse», a-t-il ajouté. Le président malien de transition avait déjà reçu les fronts pour le Mali et la République, les syndicats de justice et associations des droits de l'homme, ainsi qu'une délégation de la société civile et celle des Maliens de l'extérieur. Dioncounda Traoré avait annoncé récemment, dans un discours à la nation, la mise en place d'un Haut-conseil d'Etat (HCE), en vue de «compléter l'architecture institutionnelle du pays», de gérer la période de transition et la formation d'un prochain cabinet d'union nationale. Concernant le nord du pays, le président Traoré a expliqué à ses interlocuteurs qu'un des deux vice-présidents du HCE – qui sera prochainement mis en place pour l'accompagner dans sa mission – s'occupera essentiellement des problèmes de l'armée et de la stratégie pour reconquérir le septentrion malien, actuellement aux mains des djihadistes. Dioncounda Traoré a ajouté : «Dans sa tâche, l'armée malienne aura besoin du soutien de la communauté internationale.» «Une intervention militaire est inéluctable» A propos, justement, de la communauté internationale, la France a rappelé il y a deux jours qu'elle soutiendra une intervention armée de forces africaines au Mali, précisant toutefois qu'elle n'en prendra pas l'initiative. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a même jugé une telle intervention «inéluctable». «La France n'a pas à prendre une initiative militaire au Mali», a-t-il déclaré samedi à quelques journalistes, en marge d'une visite à Lorient (ouest de la France). «Elle souhaite que ce soient les forces africaines, en particulier celles de la Cédéao et éventuellement de l'Union africaine, qui prennent l'initiative, c'est le sens de la résolution qui a été votée par le Conseil de sécurité», a fait savoir M. Le Drian. Une intervention militaire africaine est «souhaitable et inéluctable», a insisté le ministre, ajoutant : «La France la soutiendra et, je l'espère, l'Union européenne aussi.» Il s'agit d'«assurer la stabilité politique à Bamako, qui n'est pas encore assurée même si le président Traoré est revenu de Paris à Bamako cette semaine, d'assurer un gouvernement d'union nationale, lui donner la souveraineté nécessaire et étendre cette souveraineté au Nord-Mali avec inévitablement une intervention armée que la France pourra soutenir mais dont elle ne prendra pas l'initiative». La situation dans le nord du Mali est «très préoccupante», a jugé M. Le Drian. «Il faut éviter par tous les moyens que cette partie du Mali devienne un ‘Sahélistan' et les ingrédients sont en train de se rassembler pour qu'elle le devienne», a-t-il dit, faisant un parallèle avec la situation en Afghanistan. Tombé fin mars aux mains de groupes armés, le nord du Mali est désormais contrôlé par des mouvements islamistes armés alliés à Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI). La Cédéao est disposée à envoyer une force de quelque 3300 soldats pour aider l'armée malienne à reconquérir le Nord, mais elle attend un mandat du Conseil de sécurité de l'ONU et demande un appui logistique, notamment à la France et aux Etats-Unis. L'Algérie est, quant à elle, opposée officiellement à une intervention militaire dans la région tout en disant privilégier un règlement politique à la crise. Tout comme l'Algérie, le Maroc se dit également fermement opposé à l'option militaire.