Les enfants, à Laghouat, attendent avec impatience l'arrivée du mois du Ramadhan pour se regrouper avant la rupture du jeûne devant leur domicile, munis de leur petite table garnie de petits plats. Une belle tradition où la chansonnette Zag Taïr s'entend de loin à l'heure du f'tour, où les enfants échangent leur nourriture et partagent un repas convivial. à Laghouat, grands et petits attendent ardemment l'arrivée du Ramadhan, qui constitue une opportunité pour l'ancrage de l'esprit de solidarité et d'entraide dès le jeune âge. C'est aussi une occasion pour renouer avec les coutumes ancestrales qui résistent aux mutations de la société moderne. Alors, on ne cède ni à la cherté de la vie ni à la modernité et encore moins à la canicule et les vieilles traditions reviennent sur le devant de la scène et Zag Taïr est l'une des plus précieuses pour les petits Laghouatis. Pour ce faire, les papas achètent de petites tables, d'autres trouvent du plaisir à façonner manuellement les tables de leurs enfants, alors que les mamans se pressent de nettoyer la devanture de la maison et achètent des assiettes et des verres neufs, parfois même de petites marmites afin d'initier les filles à la cuisine et façonner le décor du mois sacré. La tradition est jalousement gardée et transmise de génération en génération pour que les enfants découvrent le jeûne et, selon hadja Hafsa, âgée de 80 ans, le souvenir de son premier Zag Taïr est intact. Elle raconte : «Je me souviens qu'un mois avant le Ramadhan, la fièvre de la construction s'emparait des enfants de tous les quartiers de la ville, on choisissait un endroit précis devant la porte de notre maison pour y construire une plateforme suffisamment grande pour permettre à cinq ou six enfants de s'y asseoir, on appelait l'endroit ‘‘eddoukana'' et avant la rupture du jeûne, qui était annoncée à l'époque par un coup de canon, puisque la voix du muezzin n'était pas assez puissante pour porter loin, les garçons et les filles sortaient de la maison tenant dans leurs mains leur petite assiette de chorba ‘‘tchicha'' et un morceau de pain, et quand le canon tonnait, tous les enfants se mettaient à chanter Zag Taïr avant de se mettre à manger. cette chanson se chantait en arabe, en voici la traduction : -Fiente d'épervier, œil d'épervier -Celle qui ne vient pas jouer est un scorpion -Une cupide une bâtarde -Dans son ventre sont attachés les chevaux -Les dromadaires y sont baraqués -Ö Ramlia ! Dis à ton père -De nous emmener à Ghardaïa -Ghardaïa au sable d'or -Notre ruelle est pleine de fenouil -De bon blé et de truffes -De bon lait pour guérir -Et là un coup de feu éclate -Sur Meriem sur Meriem !» Les témoignages sont nombreux, à l'exemple de celui de Aïcha, âgée de 54 ans, mère de trois enfants et grand-mère de deux petits-fils, qui raconte : «La seule chose qui a changé par rapport aux traditions de nos mères est le fait que les petites tables sont garnies d'une variété de plats : soupe, bourak, tadjine, salade, limonade et même des gâteaux, des échantillons de tout ce que chaque maman cuisine dans la journée, et on initie nos enfants à préparer, puis à nettoyer seuls leur petite table, tout en jouant avec leurs amis et en chantant la traditionnelle chansonnette qui restera gravée dans nos mémoires à jamais, et transmis de génération en génération.» Finalement, grâce à cette coutume typique de la région, les enfants à Laghouat attendent impatiemment le mois sacré de Ramadhan pour y vivre chaque instant de Zag Taïr, tandis que les grands se regroupent à leur tour en toute sérénité pendant le f'tour puisque les petits sont bien occupés dehors.