Petit mouvement, hier, dans le corps des walis. Des promotions, des permutations et un licenciement. Boukharouba Brahim, wali de Béchar, est sanctionné pour avoir mal géré une action populaire de contestation. Une année après. Blida, restée sans wali après la démission forcée de Mohamed Bouricha, éclaboussé par un scandale, sera dirigée par l'ex-wali de Tizi Ouzou. Une année après. Le mouvement a concerné également les wilayas de Tissemsilt, Laghouat, Oran et Oum El Bouaghi. Il y a comme un sentiment d'avoir laissé traîner les choses avant de se réveiller et de vouloir rattraper le temps perdu. L'ex-wali de Blida est poursuivi en justice sans être jugé. L'ex-wali de Béchar subit une sanction administrative sans que la justice lui demande des comptes. L'administration est juge et partie. Elle communique avec elle-même. Fait ce qu'elle veut. Pourquoi Bouderbali Mohamed a-t-il quitté Oum El Bouaghi pour prendre la gestion de Aïn Témouchent ? Aucune information. Rien. Aucun bilan n'est établi. Les citoyens sont tenus dans l'ignorance totale. Qui peut savoir comment le budget de la wilaya d'Oum El Bouaghi ou de Blida a-t-il été dépensé ? Des enveloppes astronomiques ont été accordées ces dernières années aux wilayas, à la faveur notamment du plan de soutien à la relance économique, sans que cela se répercute sur le vécu des citoyens. Pourtant, dans le communiqué d'hier de la présidence de la République, on annonce que le mouvement des walis vise, entre autres, le « renforcement qualitatif de l'encadrement en charge de la gestion des collectivités locales ». Les contours de ce « renforcement » ne sont pas précis. Il est difficile de trouver explication à un déplacement d'un wali d'une wilaya à une autre. S'il a été « mauvais » dans la première, il n'y aucune raison pour qu'il soit meilleur dans la deuxième. Car les critères de la réussite ou de l'échec sont inconnus. Les dossiers et les carrières des walis se traitent à des niveaux qui échappent au contrôle populaire. L'Algérie n'a pas atteint ce stade où le Parlement est sollicité pour donner son avis sur les nominations des walis ou des chefs de daïra. Et le Parlement ne semble pas ou ne veut pas avoir encore cette liberté d'action et de réflexion qui lui permet d'exiger des comptes à des walis qui, dans certaines régions, se comportent comme de petits rois. L'analyse simple de la biographie des nouveaux walis fait ressortir un âge assez avancé (plus de 50 ans) par rapport à la mission à accomplir et par rapport à la majorité juvénile de la population. L'encadrement de l'Etat algérien, à tous les niveaux, ne sollicite toujours pas les jeunes compétences. En 2006, cela paraît agaçant, voire frustrant. Le dynamisme économique actuel de l'Algérie, même s'il est mal entretenu, n'a plus besoin de responsables qui font la sieste dans leur bureau.