La situation devient alarmante. Les coupures d'électricité persistent et s'intensifient, plongeant des milliers de foyers dans le noir et la précarité depuis le début de l'été. Toutes les régions du pays sont touchées. Certaines ont même droit, en prime, à des coupures d'eau, notamment à Alger, où la Société des eaux et de l'assainissement d'Alger (Seaal) a annoncé une rupture dans plusieurs quartiers de la capitale pour tout le week-end, provoquée par les disjonctions électriques récurrentes qui ont généré l'arrêt des stations de pompage et des systèmes de production. De quoi faire péter un câble à plus d'un et soulever bien des vagues. Cas extrême, Constantine, où 80% de la ville a été privé d'électricité des jours durant. Face à l'incompréhension, la colère a grondé dans la rue. Depuis, le courant aurait été rétabli dans plusieurs zones dans la soirée de mercredi à jeudi. Au même moment, à Annaba, d'autres citoyens exacerbés ont également investi la rue. Les échauffourées ont fait plusieurs blessés, dont des agents de l'ordre. Les coupures n'épargnent pas Alger et persistent dans plusieurs autres villes de l'est, de l'ouest et du sud du pays. Pour expliquer ces coupures récurrentes, les arguments se suivent mais ne se ressemblent pas. La pollution naturelle et celle due à la fumée dégagée par les feux de forêt, aggravée par des conditions atmosphériques exceptionnelles (humidité et brouillard) seraient à l'origine de la chute de tension ayant affecté la moitié de la capitale, selon le gestionnaire du réseau de transport d'électricité (GRTE). «La détérioration d'un câble alimentant deux transformateurs» aurait provoqué des coupures à Constantine. On évoque le record de consommation d'électricité, en cet été particulièrement caniculaire, notamment due à l'utilisation «abusive» de climatiseur, de «fer à repasser» et «machine à laver», tel que suggéré dans les SMS d'utilité publique envoyés en masse aux Algériens. Le réseau de transport de l'électricité est également pointé du doigt, il serait à l'origine de plusieurs coupures dans le Sud et dans la capitale. Autant d'explications pour éviter de prononcer le mot «délestage» qui est sur toutes les lèvres depuis des semaines, sauf celles des responsables de Sonelgaz. Le difficile aveu de délestage Les arguments officiels avancés pour justifier les coupures d'électricité ne convainquent pas les Algériens, persuadés dans leur majorité qu'il s'agit des habituels délestages qui n'ont fait que s'intensifier cet été. Et pourtant, les représentants de Sonelgaz sont formels. «Une grande partie des coupures survenues récemment, notamment à Alger, sont dues à des problèmes techniques et non à des arrêts programmés», expliquait il y a quelques jours le directeur de l'Opérateur système électrique, filiale de Sonelgaz. L'Algérie aurait suffisamment de réserve pour satisfaire la demande en électricité. Mais le PDG de Sonelgaz affirmait pourtant, il y a quelques jours, que «les délestages se poursuivraient jusqu'à la fin de l'été». Ce qui contredit tous les arguments cités plus haut et qui sont soigneusement formulés depuis le début de l'été pour justifier les coupures récurrentes. L'amalgame est soigneusement entretenu. Délestage ou pas, la chaleur continue d'être harassante en ce mois de Ramadhan et les Algériens ne sont pas loin de péter les plombs. Et pour cause, les dégâts provoqués par ces coupures sont contraignants et même coûteux. Raison pour laquelle le ton monte chez les commerçants affiliés à l'Union générale des commerçants algériens (UGCA) qui parlent de perte sèche frisant les 3 milliards de dinars sur leurs bénéfices et qui réclament réparation. Situation inextricable pour Sonelgaz qui a, elle, aussi de quoi disjoncter maintenant.