La Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR) a dénoncé le recours par le gouvernement aux fonds de la Caisse nationale d'assurance chômage (CNAC) pour financer le nouveau dispositif d'emploi, adopté récemment par le conseil de gouvernement. Ce projet de texte prévoit des mesures d'encouragement et d'appui à la promotion de l'emploi à travers des abattements différenciés sur la quote-part de l'employeur de la cotisation sociale, à une subvention mensuelle pouvant aller jusqu'à 3 ans lorsque le contrat de travail est à durée indéterminée et à exonération de la cotisation globale de sécurité sociale pendant 3 mois en cas de formation et de perfectionnement pour les travailleurs. « Il s'agit en fait de l'institution d'un nouveau dispositif qui vient se surajouter aux autres dispositifs disparates existants, à la seule différence, et elle est de taille, que son financement est mis à la charge de la CNAC, qui, conformément aux attributions qu'elle exerce, contribue déjà à l'effort national de résolution des problèmes de l'emploi », a écrit la FNTR dans sa déclaration rendue publique hier à l'issue d'une réunion tenue à Alger. La FNTR s'est déclarée « choquée » par la « persistance » de cette décision qui a, selon elle, « conduit à l'instauration par l'Etat d'une confusion entre sa politique sociale et le fonctionnement de la sécurité sociale, et qui s'exprime concrètement à travers l'effacement voulu et imposé de toute frontière entre la solidarité nationale, qui relève du champ de compétence et d'intervention de l'Etat, et la solidarité collective des travailleurs actifs et retraités, qui relève des compétences de la sécurité sociale ». La fédération a qualifié d'inquiétant le fait qu'en matière de lutte contre le chômage, « les pouvoirs publics restent foncièrement attachés à l'option qui consiste à privilégier l'approche fondée sur la mobilisation des ressources au lieu de celle de la promotion de la politique de l'emploi », ajoutant que cette approche « a encouragé l'émergence de pratiques de gestion dictées le plus souvent par la contrainte de l'urgence et les pressions du moment ». D'autre part, la FNTR a noté que la loi relative aux mesures d'encouragement et d'appui à la promotion de l'emploi participe de la cure d'austérité que les pouvoirs publics entendent prolonger et imposer aux salariés, retraités et à toutes les catégories sociales vulnérables. Devant cette situation, la fédération a jugé très graves les ponctions sur le système de la sécurité sociale pour « du même coup le fragiliser et minorer sa fonction de redistribution des revenus aux assurés sociaux et à leurs familles ». Pour elle, le plus révoltant est de constater toute l'incapacité de l'Etat à prendre l'argent là où il se trouve réellement, dès lors que la mobilisation des ressources à des fins d'intérêt général « ne concerne en rien les barons et sous-barons de l'import-import, les pseudo-opérateurs économiques nationaux et étrangers passés maîtres dans la surfacturation pour le transfert illicite de devises, les réseaux de trabendo, des trafics en tous genres, les prédateurs et autres auteurs de détournements retentissants en milliards de dinars comme en milliards de dollars ». Enfin, la FNTR a affirmé avoir toutes les raisons pour s'insurger contre le projet de loi qui s'inscrit, selon elle, à contre-courant de réflexions et propositions du partenaire social, à la faveur des travaux de la tripartite. « Force est de constater que les solutions formulées dans ce cadre sont déjà frappées d'obsolescence et que l'on se dirige droit vers un pacte social mort-né ». La fédération a appelé la direction de l'UGTA à prendre toutes ses responsabilités pour que le projet de loi soit soumis à l'appréciation de la prochaine tripartite, tout en réaffirmant sa position de rejet de ce texte, et en rappelant que les institutions de la sécurité sociale restent exposées à un risque d'effondrement en rapport avec la crise structurelle qui affecte l'économie nationale, couplée à un chômage important et à la montée à la fois considérable et dangereuse du secteur informel. « Ces institutions n'ont que faire d'une loi qui viendrait les fragiliser encore davantage par perpétuation d'un pompage indu de leurs maigres ressources financières. Leur survie tout d'abord et leur pérennisation requièrent d'ores et déjà la mise en place de fonds de réserves », a-t-elle conclu.