L'ancien chef du Groupe islamique armé (GIA), Abdelhak Layada, a été libéré hier, vers 17 heures, de la prison de Serkadji, à Alger, où il était détenu depuis la fin 1993. Il est ainsi le troisième activiste islamiste “poids lourd” à bénéficier des dispositions des ordonnances présidentielles portant mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale du 29 septembre 2005, après le n°2 de l'ex-FIS, Ali Benhadj, et Fouad Boulemia, un membre du GIA, condamné pour avoir assassiné Abdelkader Hachani, une figure influente de la direction du parti dissous, en 2000. C'est d'ailleurs chez Benhadj, à Jolie-Vue, dans la banlieue d'Alger, et non à Baraki où réside sa famille, que Layada s'est rendu, hier, immédiatement après avoir quitté l'enceinte du pénitencier de Serkadji. C'est là où les rejoindront aussitôt d'autres activistes du parti dissous. Tôlier de métier, Layada avait été intronisé “émir national” du GIA, lors d'un “congrès” que cette organisation terroriste avait organisé en 1992 dans les maquis de Tamezguida, dans la région de Médéa. C'est dans ces mêmes maquis que les forces de sécurité avaient abattu, quelques semaines auparavant, son prédécesseur, Allel Mohamed dit Moh Léveilley, du nom du quartier où résidait ce dernier. Abdelhak Layada, connu pour être l'un des neuf fondateurs du GIA et pour avoir “réquisitionné” la maison de son frère pour organiser “les assises constitutives” de cette organisation, est l'architecte principal de la structuration de cette dernière. C'est sous sa houlette que le territoire national sera découpé en régions et en zones et que les katibate, seriate et autres commandos seront mis en place et confiés à la responsabilité d'“émirs” de régions et de zones. Il sera arrêté le 10 juin 1993 au Maroc par les services de sécurité de ce pays. Layada s'y était rendu pour fuir l'Algérie où il était activement recherché pour sa participation à de nombreux attentats terroristes, mais aussi pour se rendre utile au “djihad islamique”. Au royaume chérifien, il escomptait, en effet, rencontrer d'autres membres du parti dissous, mais il comptait surtout participer, et pourquoi pas, à l'acheminement d'armes pour les maquis islamistes. Qui plus est, ce voyage s'imposait à lui car l'étau s'était resserré si fort qu'il lui devenait problématique d'agir et d'assumer son rôle de n°1 du GIA. Selon ses propres aveux faits à Alger suite à son extradition fin 1993, les services de sécurité du Maroc auraient tenté de le “retourner” durant sa détention. Son extradition vers l'Algérie où il avait déjà été jugé par contumace et condamné à la peine capitale avait été âprement négociée par les autorités des deux pays et avait même requis le déplacement à Rabat du général Khaled Nezzar, alors membre du HCE (Haut-Comité d'Etat) et ministre de la Défense. Il y a quelques mois, alors qu'il croupissait encore dans sa cellule à Serkadji, il s'était distingué par plusieurs missives adressées au président Bouteflika, via son fils qui les remettait à la presse. Dans ce courrier, il ne manquait pas de faire état de sa pleine disponibilité à œuvrer à la consolidation de la réconciliation nationale qui était alors au programme du chef de l'Etat, allant jusqu'à proposer ses services pour convaincre ses pairs du GSPC, encore en activité, de quitter les maquis. Il évoquait aussi son état de santé “détérioré” et le refus “patriotique” qu'il avait opposé aux “sollicitations marocaines” lorsqu'il était aux mains des services de sécurité de Rabat. Saïd Chekri