En prison depuis le mois de juillet 1993, le premier émir du GIA, Abdelhak Layada, dit Abou Adlène, a été libéré hier, a-t-on appris de source proche du parquet d'Alger. Il a bénéficié d'une grâce dans le cadre de l'application des dispositions de la charte pour la paix. Quatre autres terroristes, a-t-on ajouté auprès des mêmes sources, vont également bénéficier de la même mesure aujourd'hui. Un des huit membres fondateurs du Groupe islamique armé (GIA) encore en vie avec Omar Chikhi (repenti gracié en 2000 dans le cadre de la concorde civile), Abdelhak Layada, tôlier à Baraki, a entamé sa carrière terroriste dès octobre 1990. Il a rejoint la clandestinité, en début de l'année 1992, après que les gendarmes aient investi sa maison au moment où se déroulait une réunion de terroristes en présence de l'émir de la région de Baraki. Recherché, il s'est réfugié chez Ali Zouabri, un de ses proches amis et émir d'un groupe islamiste armé autonome qui activait dans la région de Boufarik. Avec lui, il a fait la connaissance de Allel Mohamed, dit Moh Léveilley, un autre chef d'un groupe armé activant dans la région de Léveilley, avec lequel il participe à des actions criminelles. Le 31 août 1992, Abdelhak Layada et sept autres chefs de groupes terroristes autonomes agissant au centre et à la périphérie d'Alger se sont rassemblés pour former le GIA et semer la terreur et la dévastation dans une grande partie de la capitale et de la Mitidja. Abou Adlène est désigné comme émir de la nouvelle organisation. En début de l'année 1993, au mois de mars, il décide de partir au Maroc, pour rencontrer les afghans algériens qui avaient des camps d'entraînement non loin de la frontière avec l'Algérie. Un mois après son entrée au royaume, il est contacté par les officiers de l'armée royale qui lui ont proposé de travailler avec eux. « Ils m'ont dit que si j'acceptais de collaborer avec eux ils allaient ouvrir un bureau du FIS au Maroc. Ils m'ont même promis de mettre à notre disposition de l'argent et des services médicaux en contrepartie de la liquidation physique de certains opposants dont Abdelaziz El Fassi (...). Devant mon refus, ils m'ont demandé de réfléchir mûrement à leurs offres (...) », avait déclaré Layada lors de son procès, à Alger. Les tractations pour l'extradition de Layada ont duré quatre mois et ont nécessité le déplacement personnel du chef de l'état-major de l'ANP et ministre de la Défense, le général Khaled Nezzar, avec un dossier contenant des preuves irréfutables sur l'implication des services du royaume dans le soutien des groupes armés. Layada est finalement extradé au mois d'août 1993, puis jugé et condamné, une année plus tard, à la peine capitale par la cour spéciale d'Alger pour, entre autres, atteinte à la sûreté de l'Etat, homicides volontaires avec préméditation, guet-apens et non-dénonciation de criminels. Au cours de ce procès, qui a duré une journée, Layada a bien sûr nié avoir été aux commandes du GIA, mais reconnaît avoir participé à des attentats en tant que chauffeur de Moh Léveilley. De sa cellule à Serkadji, Layada a écrit récemment au président de la République pour l'informer de son soutien à la charte pour la paix, et l'a exhorté à prendre d'autres mesures pour la concrétisation de cette initiative. Ainsi, après Omar Chikhi, arrêté par les services de sécurité, puis gracié dans le cadre de la loi sur la concorde, c'est au tour de Layada d'être blanchi de tous les crimes commis au nom du djihad entre 1991 et 1993. Ces deux chefs terroristes ont la lourde responsabilité d'avoir créé le GIA, une organisation qui cumule à son actif les pires atrocités que l'humanité ait connues. Des crimes imprescriptibles. Même s'ils ont bénéficié d'une grâce présidentielle qui les prémunit de toute poursuite ici en Algérie, ils restent néanmoins passibles du tribunal criminel international, pour peu que leurs victimes décident de le saisir.