Le rapport révèle que les opérations de filialisation entreprises en 2005 «cachent une volonté délibérée de dilapidation des deniers publics, de mauvaise utilisation des fonds de la société et de violation de la réglementation». Il cite tous les cas, en commençant par la filiale CNAN ASMC. Chargée de la gestion, l'affrètement, l'équipement, la maintenance et la gestion des navires, cette filiale a enregistré un déficit de 1,890 milliard de dinars durant l'exercice 2005-2006, une année seulement après sa création, suscitant ainsi sa dissolution. Chargée du transport de marchandises containeurisées, CNAN Bulk Spa a été mise en activité en 2005 avec 7 navires appartenant au groupe CNAN, mais au bout de deux ans, celle-ci fut arrêtée sous prétexte que la filiale n'avait pas de flotte. «Pourtant, nos investigations ont fait état d'un bénéfice de 20,8 millions de dinars durant les exercices de 2005 et 2006 (…). Cinq mois après la cessation de ses activités (septembre 2007), la filiale est entrée en partenariat avec le saoudien Pharaon et près d'un an plus tard, une mission de l'IGF a fait état d'un déficit de 237,244 millions de dinars.» «International Bulk Carrier (IBC) a été créée après la dissolution de CNAN Bulk, en partenariat avec Pharaon. Propriétaire à hauteur de 49% des actions, la CNAN est entrée avec 8 navires de sa flotte alors que le saoudien devait mettre à disposition d'IBC un fonds de roulement et garantir le maintien de la main-d'œuvre, la maintenance et la réparation des navires durant les cinq années suivant la signature du contrat, en septembre 2007 (…). Malheureusement, aucune des garanties n'a été respectée et la partie algérienne n'a bénéficié d'aucune retombée (…). Un contentieux bloque les relations entre les deux parties, mais Pharaon continue d'exploiter les navires, engendrant à la CNAN un déficit de 65 863 144 dollars». L'autre filiale concernée par l'enquête est CNAN Maintenance. Créée en janvier 2005 pour se charger de la réparation électromécanique des navires, elle a été dissoute deux ans plus tard en laissant derrière elle une ardoise de 6,990 millions de dinars. La cinquième filiale est CML (CNAN Maghreb Line), montée, lit-on dans le rapport, «en prolongement de la filiale de transport des voyageurs en dépit des pertes financières colossales qu'elle engendrait après l'accord signé avec la société Go Fast-Aigle Azur, faisant état de la cession de 51% des actions de la société de CNAN dans la filiale CML (…). Malgré la non-signature du contrat de cession par le partenaire, ce dernier a bénéficié des 11% prélevés sur le prix des billets de transport vendus à l'étranger (…) et fait en sorte que les dirigeants de la société affrètent le Lato, un navire qui a engendré une perte de 322,623 millions de dinars en quatre mois d'exercice (…) Il a même refusé de s'acquitter de sa part de déficit (219,843 millions de dinars) tel que prévu par le contrat de partenariat». En outre, l'enquête s'est intéressée à la filiale Nasec Spa, créée avec Nashco en 2002 pour se charger de la gestion des parcs à containers, du transit, de l'importation et de l'exportation de containers. «Les dirigeants ont outrepassé le statut de l'entreprise en réparant un nombre important de containers à l'étranger pour un coût de 94,911 millions de dinars en 2005 et 39,546 millions de dinars en 2006, alors qu'ils ne sont pas habilités à engager une telle opération. Ils ont violé la réglementation du contrôle des changes en procédant au paiement, en devises, d'étrangers par le biais des comptes d'escale de CNAN MED et des représentations de la CNAN à Marseille et en Italie, échappant ainsi au contrôle de la Banque d'Algérie (…) C'est une volonté délibérée de dilapidation de deniers publics. Pour preuve, ce recours à la location de containers auprès des entreprises étrangères Geseaco, Cai et Textainer, afin de les mettre à disposition de Nasco, qui dispose de plus de 10 000 containers de même capacité.» Les enquêteurs notent cependant que durant sa deuxième année d'exercice, cette filiale a enregistré une perte de 28,521 millions de dinars, sans compter les frais de location et de réparation des containers évalués à 397,659 millions de dinars et à 569,645 millions dinars. Ces dépenses ont atteint un montant de 310,260 millions de dinars.