La Chine bouge-t-elle dans la bonne direction ; celle des réformes démocratiques et de l'ouverture politique après 60 ans de communisme pur et dur ? Certains analystes osent même évoquer le début de la fin d'un cycle pour le géant asiatique dont les règles du jeu politique paraissent anachroniques pour les jeunes loups de la République rouge. Ils en veulent pour preuve certains signes qui ne trompent pas quant à la détermination du régime maoïste à faire sa mue, même par doses homéopathiques. La réflexion est en tout cas engagée, surtout au niveau des hauts dirigeants. Ces derniers sont précisément en pleine cogitation et tractation à Beidaihe, une station balnéaire non loin de Pékin, où les grandes décisions sont historiquement prises. C'est une sorte de répétition générale avant le méga-show du parti communiste. C'est ici en effet que se déroulera, en octobre prochain, le XVIIIe congrès du Parti communiste chinois (PCC) fort de ses 80 millions de membres. Et une fois n'est pas coutume, les assises d'octobre s'annoncent prometteuses pour les forces progressistes chinoises, du fait qu'il y aura de nouvelles têtes aux commandes. C'est du moins ce qui est attendu en ce sens qu'à défaut de règles démocratiques et transparentes, la «biologie» semble faire œuvre utile dans cet immense empire qui est loin d'être un havre de liberté. Beaucoup parmi les apparatchiks de la direction du PCC vont rendre le tablier après des dizaines d'années de règne. En plus du renouvellement du comité permanent, la plus haute instance du parti et, au-dessous, du bureau politique, la composition de la future Commission militaire centrale (CMC) est l'un des sujets de discussion. Il faut savoir que l'Armée populaire de libération (APL) est directement contrôlée par le parti en Chine. Selon le correspondant du journal Le Monde à Pékin, ce lien filial entre l'armée et le parti s'établit «à travers une chaîne de commandement double, composée de commissaires politiques et d'une direction, la CMC, rattachée à la tête du parti, en l'occurrence son secrétaire général, Hu Jintao, qui en est le président». L'attrait américain Il serait même juste de dire que c'est le parti communiste chinois qui dispose d'abord d'une armée avant l'Etat lui-même. Le vice-président de la CMC est Xi Jinping, le successeur désigné de M. Hu à la tête du pays après le congrès d'octobre. MM. Hu et Xi sont les seuls membres du comité permanent à appartenir à la CMC, une position qui garantit leur prééminence sur les sept autres «empereurs» du cénacle dirigeant. Ce système permet à l'actuel président Hu Juin tao, à l'instar de Deng Xiaoping, puis de Jiang Zemin, de conserver pendant un ou deux ans son siège de président de la CMC malgré son remplacement par Xi Jinping à la tête du parti. Il aura ainsi un droit de regard sur pratiquement tout. Mais des voix de plus en plus audibles appellent à une «nationalisation» de l'armée, c'est-à-dire à sa mise au service du pays et de sa Constitution, et non pas du parti. Une idée qui gagne beaucoup de sympathie parmi les officiers et les militants pro- démocrates à l'occidentale. «Le secret de la réussite des Etats-Unis, ce n'est ni Wall Street ni la Silicon Valley, mais un Etat de droit au long cours et le système qui le soutient... La démocratie est la tâche la plus urgente ; sans elle, il n'y a pas d'émergence durable», écrivait Liu Yazhou, 60 ans, promu général en juillet dernier par le président Hu jintao. Un féru de «la démocratie» américaine en Chine communiste qui plus est général de l'armée ? Qui l'eut cru !