A l'orée de l'Aïd El Fitr et de la rentrée sociale, les bureaux de poste de la ville de Tamanrasset, comme ceux de tout le pays d'ailleurs, sont pris d'assaut par les usagers. De longues files se forment dès l'aurore devant les différents centres de paiement, qui pour retirer sa rétribution, qui pour envoyer de l'argent à ses proches, qui pour acheter de nouvelles fringues pour ses mômes. Toutefois, ces opérations se font dans des conditions des plus éprouvantes, caractérisées par une désorganisation indescriptible. Le pire est que les distributeurs automatiques, initialement mis en place pour soulager les usagers, sont généralement hors service et ne servent que de simple décor pour les façades des centres de paiement. Malgré les nombreuses campagnes publicitaires et de sensibilisation sur le nouveau mode de paiement, menées par Algérie Poste, le citoyen de Tamanrasset continue à souffrir le martyre pour percevoir sa mensualité. Une virée dans les différents bureaux de poste de la capitale de Tin Hinan suffit pour se rendre compte des difficultés rencontrées par les usagers de la poste. Un spectacle désolant s'offre aux yeux à la vue de cette grappe humaine et de ces usagers, agglutinés devant les centres de paiement, contraints de faire une longue queue dans un climat suffocant. La scène se reproduit quotidiennement en l'absence d'un minimum d'égard et de considération de la part des responsables de ce secteur qui ne cessent de briller par leur indifférence. A la grande poste du centre-ville, ou dans les bureaux postaux situés dans les quartiers d'Assoro, d'Inkouf et de Guetaa El Oued, les usagers, assis à même le sol, arrivent à peine à contenir leur mécontentement face à la désorganisation qui y règne. «Pourtant, presque tous les centres de paiement sont dotés de distributeurs automatiques de billets (DAB) en mesure d'abréger le calvaire qu'on vit presque quotidiennement», se lamente-t-on. Certains usagers interrogés sont unanimes à dénoncer cette situation qui les oblige à passer la majeure partie de leur temps devant les bureaux de poste. «On ne sait plus où donner de la tête pour remédier à cet écueil qui ne fait que perdurer», se plaint un fonctionnaire, qui vient de faire le tour de quatre bureaux dans l'espoir de trouver moins de monde et de percevoir sa rémunération sans jouer des coudes et loin de l'assourdissant brouhaha provenant des queues. «Le problème incombe à l'inefficacité du mode organisationnel et à la médiocrité des services offerts par ces centres», ajoute-t-il, non sans dépit. Un autre fonctionnaire, rencontré à la poste de Sersouf, déplore «le laxisme des autorités compétentes, car cela fait plusieurs mois que se pose ce problème sans qu'aucune mesure soit prise pour soulager les usagers de ce casse-tête. D'habitude, je me sers de ma carte magnétique pour retirer mon argent, mais là, et comme vous le constatez, ce distributeur est en panne. Il faut donc se pointer avant l'ouverture de la poste pour espérer se faire payer sans tracas». Même constat à la grande poste du centre-ville censée être pourtant une vitrine de la capitale de l'Ahaggar. «Céans, on ne respecte pas les gens», fulmine un septuagénaire qui n'a trouvé aucune oreille attentive à ses doléances devant une marée humaine préoccupée surtout par le respect de l'ordre de passage devant le guichet. «A quoi sert donc ce distributeur ?», lance-t-il en direction des guichetiers qui dodelinent comme pour lui signifier qu'ils sont du même avis. A ce propos, un employé de la poste nous signale que «cette situation est due à la forte pression enregistrée à cette occasion. Quant aux pannes des distributeurs, elles sont liées au manque criant de techniciens en maintenance dans cette wilaya du Grand Sud et à la pénurie de pièces de rechange. Cependant, l'incivisme de certains usagers est également à l'origine de ces pannes puisque nombre d'appareils sont bloqués à cause d'objets insérés à la place des cartes magnétiques».