La campagne du MSP contre la nouvelle version du code de la famille, endossée par le gouvernement en août dernier, s'accentue. Après le chantage suggéré sans ambages par le chef du groupe parlementaire de ce parti, Fateh Guerd en l'occurrence, Bouguerra Soltani durcit le ton. Jeudi dernier, dans une rencontre avec les militants tenue à la salle Rouiched de Hussein Dey, à Alger, le leader du MSP a prêché une fetwa contre les amendements dits « du chef du gouvernement ». Le parti ne semble pas prêt à céder sur cette question. « Nous ne reculerons pas et nous continuerons notre combat avec des moyens pacifiques, car pour nous, il s'agit des constantes et fondements de notre société. Société qui rejette de telles réformes qui légaliseront la fornication », a souligné Soltani. « Pour ceux qui disent que nous sommes en train de chauffer le bendir, nous leur dirons : Attendez et vous allez voir ! », lâchera-t-il. « Nous avons soutenu le président Bouteflika pour la réconciliation nationale et non pas pour la réforme du code de la famille. Ce n'était pas sa priorité », a-t-il précisé. Sur la même lancée, il ajoutera : « Ceux qui parlent au nom du président et disent que le projet proposé est celui de Bouteflika sont en train d'induire en erreur l'opinion publique », allusion faite à Ahmed Ouyahia et ses ministres. Selon lui, le président de la République ne s'est pas encore prononcé sur la nouvelle mouture du code de la famille. Ainsi, Soltani interpelle Bouteflika afin qui'il bloque ce projet au niveau du Conseil des ministres. « Nous lui faisons rappeler ses engagements lors de la campagne électorale à respecter la charia dans la révision du code de la famille », a-t-il dit. Bouguerra Soltani n'y est pas allé de main morte estimant qu'il s'agit d'un projet de loi revendiqué par « les femmes salonnardes », et non pas par « les femmes authentiques ». Pour étayer ses propos, le n°1 du MSP puise dans les diverses et parfois contradictoires interprétations des exégètes de l'Islam. Il est allé plus loin en disant que seuls le Haut Conseil islamique (HCI) et le ministère des Affaires religieuses sont habilités à mener de telles réformes sur le code en vigueur. Il notera encore que le code de 1984 ne pose pourtant pas de problème tant sur le plan familial que social. Dans la foulée, le MSP lance un avertissement aux hauts responsables quant à ce qui pourrait en découdre du maintien de ces amendements. Considérant que la question de la femme est au-dessus de toute autre considération politique, M. Soltani a relégué l'importance de l'Alliance présidentielle à la seconde place. Le président du MSP laisse entendre que sa formation peut se retirer de la troïka présidentielle si les amendements ne sont pas bloqués par le Conseil des ministres.