Le premier responsable de la Compagnie française du transport maritime de voyageurs (SNCM) est attendu aujourd'hui à Béjaïa pour tenter d'aplanir le désaccord qui oppose sa société à l'entreprise portuaire EPB. Le problème est né de dettes relatives à la prestation de remorquage effectuée par l'EPB durant la dernière saison estivale et que la direction de la compagnie française a cessé de payer arguant son inutilité. Pour recouvrer ses créances litigieuses, la direction de l'EPB a fait paraître dans la presse un avis de saisie qui avertit qu'elle « procédera à la saisie conservatoire des car-ferries de ladite compagnie au niveau de tous les ports algériens ». Le recours à la saisie fait « suite au refus exprimé par la SNCM d'honorer ses factures de prestations de remorquage », est-il expliqué dans le même avis. La rencontre programmée au port de Béjaïa, bien qu'elle laisse possible un arrangement, à en croire M. Moussaoui, l'adjoint du PDG du port, n'exclut pas de voir l'EPB passer à l'acte. Un cargo grec, battant pavillon chypriote, a été saisi en 2002. Resté immobilisé depuis de longs mois au port, le Labici B sera mis aux enchères orales et par voie de soumission, le 8 avril prochain, par l'administration des Domaines. La vente est programmée pour le compte de quatre opérateurs dont les assurances qui devront ainsi faire payer des factures restées impayées dans le compte de créances litigieuses. L'EPB entend aussi demander ses droits. Son actuel avis de saisie est rendu public alors que des destinations algériennes sont sur le programme de la SNCM. Ce 24 mars, elle devra accoster le port de Béjaïa. La compagnie française qui a desservi la ligne Béjaïa-Marseille en 2004 a vu d'un mauvais œil le remorquage « imposé » à ses navires qui ont mouillé au port de Béjaïa avant de le déserter, pendant une période de l'année qui a suivie, sur fond de litige dans lequel la question de rentabilité de la ligne, qui aurait subi un coup, a été soulevée. En facturant cette prestation, l'EPB a dû comptabiliser, depuis, une créance litigieuse. Pour le premier responsable du port, il y a problème dans l'interprétation du code maritime. « Le remorquage est obligatoire en Algérie. Il y a confusion dans l'interprétation de la législation », nous dit Boumessila Abdelkader, PDG de l'EPB. Selon lui, ce sont les textes qui fixent les types de navire concernés par l'obligation de remorquage à l'intérieur du port. Une assistance qui serait décidée selon la nature de la cargaison et la grandeur du navire. Les navires de moins de 500 t accostent sans les remorqueurs. Pour la SNCM, le matériel dont sont dotés ses paquebots efface l'indispensabilité d'une telle assistance. Ce qui ne convainc pas les responsables du port de Béjaïa qui disent appliquer la même obligation aux navires de l'entreprise nationale ENTMV, bien que dotés de propulseurs d'étraves qui permettent des manœuvres sans assistance. « C'est pour prévenir des dangers qui peuvent survenir au niveau des chenaux et des passes qui ne sont pas larges », explique notre interlocuteur. Le port de Béjaïa comprend trois passes. Une première passe d'entrée au port pétrolier, une deuxième, la passe Abdelkader, qui donne sur le vieux port avec une centaine de mètres de largeur, et une troisième passe, celle de La Casbah, qui ouvre un passage à l'arrière port et au coin de laquelle se trouve un espace réservé au sport nautique.