Comment faire pour ramener le public au cinéma ? " Question lancinante du public habitué des causeries de la librairie Mauguin à Blida jeudi à 15H00. Boudjemâa Karèche se sentait à l'aise pour la présentation du livre " Un jour, un film " paru aux éditions Jazz et débitait d'un ton assuré : " Il existe un chemin de la maison ou du bistrot ou du lycée vers la salle de cinéma : il faut reprendre ce chemin, faire aimer le tracé de l'itinéraire et le jeune viendra ! " Si simple à dire mais celui qui fut longtemps directeur de la Cinémathèque d'Alger " sans jamais avoir eu une décision pour cela " -précisera-t-il- expliquera patiemment au public l'inculture des citoyens, la disparition de pans entiers d'un art qui connut ses heures de gloire dans le pays. L'autorité politique à travers les commissions de lecture -ou censure- et le tour de passe-passe réalisé par le grand cinéaste Luis Bunuel qui introduisait à dessein des scènes destinées aux ciseaux afin de préserver l'essentiel du message à faire passer, la nécessité du marketing aujourd'hui, le rapport aux droits de douane pour l'importation de copies de films, la place de la culture cinématographique, la dimension de la distraction par le film, la restauration des salles de cinéma, l'équipement à changer ou tout simplement à amener : tout a été passé en revue. La voix montait, s'élevait, volait avant de piquer un descendu synonyme de tristesse, de mélancolie ! L'occasion était donnée de dresser un parallèle avec la visite d'un musée par 400 000 personnes quelque part en Europe uniquement pour le thème de " La Mélancolie ". Le cinéma est devenu exigeant : " 5 milliards pour faire un film, c'est le drame du cinéma ! " C'est la ségrégation par l'argent comme cela s'opère pour le football : " Une distraction de riches pendant que le peuple aura la télé pour suivre les rencontres. " Au cours du débat apparaîtront des lueurs d'espoir avec le phénomène du " retour culturel " de l'émigration. " il faut aider à tourner en Algérie où ça revient moins cher et en profiter pour que des cinéastes algériens tournent. " Les redevances de télévision payées à travers la facture de consommation d'électricité, le prélèvement sur les billets d'accès aux salles qu'il faut multiplier, l'aide de l'Etat et la collaboration avec des institutions d'autres pays permettront de trouver cet argent vital. Sinon, c'est l'attente d'occasions inespérées comme ce fut pour l'année de l'Algérie en France ou pour l'année 2007 attendue par tous les cinéastes qui espèrent se voir financer la réalisation de leur film pour la simple raison qu'Alger sera la capitale de la culture arabe. Lire et voir des films : les deux mamelles pour Karèche afin de ne point tomber dans le... terrorisme. " Zéro titre, zéro salle et zéro spectateur : le triste triptyque cher au père de la Cinémathèque algérienne versé à la retraite sans ambages par la ministre de la Culture il y a deux ans entrevoit une mince lueur d'espoir avec les trois -autre trio- salles authentiques que sont El Mougar, l'Algeria et Ibn Zeydoun mais... bien loin des 31 000 salles existant pour la seule France.