L'ouverture du capital de l'Entreprise des corps gras d'Alger (Cogral), filiale du groupe ENCG, suscite les craintes de ses travailleurs. Ces derniers n'appréciant pas « le revirement » de leur syndicat, qui se contente à chaque fois de leur signaler, selon eux, que « la privatisation leur a été imposée », dénoncent précisément la manière avec laquelle a été privatisée leur unité. Les travailleurs des unités Cogral, qui ont décidé de se constituer en collectif, dont un groupe s'est déplacé hier à El Watan, ont stigmatisé l'opération de privatisation, qui s'est faite, à leurs yeux, « dans la discrétion la plus totale, et non comme énoncée par le président de la République, dans la transparence ». A ce titre, ils évoquent notamment le non-respect des procédures de privatisation « qui n'ont pas été faites en faveur des travailleurs », à savoir le lancement d'un avis d'appel d'offres national et international. Qualifiant cela de « bradage », les travailleurs de Cogral attirent l'attention des autorités compétentes pour qu'elles intervennent. Ils réitèrent leur refus de cautionner ces « décisions imposées » et interpellent le premier magistrat du pays, dont les instructions, selon eux, « ont été bafouées », à venir au secours des 1100 travailleurs de l'entreprise. « On s'interroge sur le choix de l'acquéreur » qui est KOU-GC, déplore d'un d'eux qui soutient « ne pas être contre la privatisation, mais pour un partenariat bénéfique pour les travailleurs ». L'entreprise Cogral a été vendue, selon ce travailleur, à 42 milliards de centimes. Les travailleurs des unités Cogral sont inquiets essentiellement de leur avenir qui s'annonce, selon eux, « flou ». Ces derniers n'étant pas sûrs des garanties que pourrait leur offrir le nouveau partenaire pour la poursuite de leurs activités. D'autant plus que KOU-GC se serait engagé que pour trois années, selon l'un des travailleurs de Cogral. Lors d'un sit-in qu'ils ont tenu le 11 mars dernier, dans l'enceinte de leur entreprise, les travailleurs des trois unités de Cogral ont soulevé le problème de la durée de la préservation de l'emploi après l'entrée en vigueur de la cession des actifs au partenaire KOU-GC, cela en mettant en exergue la nécessité de la mise en application d'un volet social et l'indemnisation de la dépermanisation. Lequel point est ignoré s'il est intégré dans les clauses du contrat. Les travailleurs de Cogral se sont insurgés aussi contre l'interdiction faite à leurs unités pour son approvisionnement en matières premières et exigé plus de garanties quant à la préservation des acquis de la convention collective de la société ENCG. Exigeant de leur responsable plus d'information sur le dossier du partenariat, ces travailleurs ont déterré le problème des créances détenues par les clients débiteurs. Ces dernières sont évaluées par un membre du collectif des travailleurs de Cogral, qui dénoncera la politique commerciale de l'entreprise de l'époque où elle est devenue une filiale Cogral, décidée sciemment, selon lui, à plus de 70 milliards de centimes. Ainsi évoquera-t-il notamment « la vente à crédit » qui a débuté en 1998 et qui a mis en difficulté l'entreprise. Nos tentatives, hier, d'avoir le point de vue de la direction de l'unité Cogral, notamment de son directeur général, sont restées vaines.