Le 15 octobre 1963 éclate entre les deux pays voisins ce que les historiens désignent de « guerre des sables » et qui avait failli, selon les analystes de l'époque, embraser toute la région du Maghreb. C'était exactement un mois après qu'Ahmed Ben Bella fut élu premier président de la République. A la suite d'incidents de frontière au sud de l'Oued Dra, à Hassi Beïda, Ben Bella décréta la mobilisation générale en proclamant : « Le sang arabe, le sang musulman coule. Au responsable nous disons : tu es un criminel (...) Ce peuple, qui a détruit la plus grande armée impérialiste, peut briser votre armée. » Fort heureusement, le conflit fut réglé grâce à la médiation de l'empereur éthiopien Hailé Sélassié Ier, alors président de l'OUA, à Bamako le 2 novembre 1963. Depuis cette date, les relations entre Alger et Rabat n'ont jamais pu atteindre le cap de la « normalisation ». Pourtant, nombreux sont ceux qui espéraient une entente entre les pays maghrébins après la tenue à Tanger, le 27 avril 1958, de la première conférence des partis nationalistes nord-africains (l'Istiqlal marocain, le Néo-Destour tunisien et le FLN algérien). Or, c'est pratiquement le contraire qui surviendra. En effet, ce n'est qu'en 1973 qu'un accord sur le tracé des frontières est conclu entre le Maroc et l'Algérie. Soit onze ans après l'indépendance de notre pays. Il y a, quelques mois, Driss Basri, ministre de l'Intérieur entre 1977 et 1999, avait révélé au journal espagnol El Mundo que le Maroc avait tenté de mener des opérations de déstabilisation en Algérie. Mieux encore, en octobre de l'année dernière, une attaque armée aux frontières communes, provoquant un mort et deux blessés parmi les militaires algériens, avait été revendiquée par une organisation qui se nommait Front de libération de l'Algérie marocaine de Mohamed Alouah. On ne peut aussi oublier « l'Algérie est le laboratoire du Maroc » crûment lâché par Hassan II en 1993. Une année après, Rabat accuse Alger d'être derrière les attentats de l'hôtel Hasni de Marrakech. Un incident qui servira de prétexte pour chasser les résidents algériens du Maroc et instaurer le visa d'entrée à partir d'août 1994. Les autorités algériennes réagissent par la décision de fermer les frontières terrestres. La mort de Hassan II en juillet 1999 ouvre une autre page pour les deux pays. En avril 2001, Ahmed Midouni, alors ministre de l'Intérieur, débarque à Alger. Presque une année après plus tard, c'est au tour de Yazid Zerhouni de se rendre à Rabat suivi, en février 2003, d'une visite de Abdelaziz Belkhadem. Le chef de la diplomatie marocaine, Mohamed Benaïssa, se rendra à deux reprises à Alger en juin 2003 et mai 2004. Enfin, il y a à peine dix jours, Mustapha Sahel, ministre marocain de l'Intérieur, était à Alger où il a déclaré : « Je suis venu en visite pour concrétiser la dynamique positive née des dernières rencontres au niveau ministériel et des commissions mixtes qui ont permis de dégager une vision pouvant mener à des solutions effectives et concrètes dans le cadre d'une nouvelle approche. »