Le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, s'est rendu hier à Nouakchott pour coprésider avec son homologue mauritanien, Sidi Mohamed Ould Boubakeur, la 15e session de la grande commission mixte de coopération algéro-mauritanienne. Ce voyage de 48 heures intervient un mois, jour pour jour, après le séjour de deux jours effectué à Tunis, où il a participé à une réunion similaire avec son homologue tunisien : la 15e session de la grande commission mixte algéro-tunisienne. Comme pour le rendez-vous de Tunis, les points inscrits à l'ordre du jour des discussions de cette grande commission mixte algéro-mauritanienne revêtiront une grande importance si l'on se fie au challenge que se sont fixé les responsables des deux pays. Alger et Nouakchott ont, en effet, l'ambition d'impulser une nouvelle dynamique à leur partenariat en favorisant une approche « stratégique » et « globale ». Le projet ambitieux d'Alger et de Nouakchott se vérifie à travers les déclarations faites par le chef du gouvernement à sa descente d'avion à Nouakchott. Evoquant les objectifs assignés à son séjour dans la capitale mauritanienne, le chef du gouvernement a indiqué que la session de la grande commission mixte constitue une « autre étape » dans les relations algéro-mauritaniennes et « une opportunité pour donner un nouvel élan à la coopération bilatérale ». Une coopération, a-t-il dit, qui « se veut une occasion pour donner un nouveau souffle à une coopération déjà fructueuse et œuvrer pour l'exploitation à bon escient de toutes les possibilités de coopération qu'offrent l'Algérie et la Mauritanie, en favorisant notamment l'implication du secteur privé, à travers une approche d'un partenariat stratégique global ». Si la concrétisation des objectifs définis dans la feuille de route de cette 15e session de la grande commission mixte de coopération algéro-mauritanienne requiert un effort soutenu de la part des deux parties pour se concrétiser, tant elle suppose un fastidieux travail de redéfinition par les deux pays de leurs relations bilatérales et des moyens humains et financiers importants, la tâche devrait néanmoins être facilitée et encouragée par le fait déterminant qu'Alger et Nouakchott voient pour ainsi dire l'avenir du Maghreb et de l'UMA sous le même angle. Les gouvernements algérien et mauritanien partagent également la même appréciation concernant le dossier sahraoui. Le constat se vérifie d'ailleurs avec la chaleureuse lettre de félicitations adressée par le colonel Ely Ould Mohamed Val, président du Conseil militaire mauritanien pour la justice et la démocratie, au président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, à l'occasion de la célébration du 30e anniversaire de la création de la RASD. Cette convergence de vues -qui caractérise également les relations algéro-tunisiennes et algéro-libyennes- paraît ainsi avoir convaincu le gouvernement algérien de ne ménager aucun effort pour bâtir un partenariat global et stratégique avec Nouakchott et, de manière plus générale, de se reconcentrer sur la région du Maghreb. Un intérêt rendu possible grâce à la nette amélioration de la situation politique et économique du pays. Aussi, les profils des ministres (Chakib Khelil, ministre de l'Energie, Amar Ghoul, ministre des Travaux publics, Smaïl Mimoune, ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines et Ali Tounsi, directeur général de la Sûreté nationale) accompagnant Ahmed Ouyahia, une personnalité connue pour avoir un regard d'expert sur les questions maghrébines, notamment sahéliennes, prouvent que l'Algérie perçoit la Mauritanie comme un pays « ami et frère » avec lequel il est prêt à partager son potentiel.