Réduites au strict minimum ces dernières années, les relations algéro-mauritaniennes devraient être relancées à l'occasion de la visite qu'effectue, depuis hier, à Nouakchott, le Chef du gouvernement algérien. De nombreux accords de coopération et programmes d'action touchant aux secteurs de l'énergie, des travaux publics, de la pêche, de la santé, de la formation professionnelle, des ressources humaines, ainsi que dans le domaine consulaire, seront signés à l'issue de la visite d'Ahmed Ouyahia en Mauritanie, qui prend fin aujourd'hui. Le séjour du Chef du gouvernement algérien s'inscrit dans le souci de relancer les relations bilatérales, pratiquement au point mort, à cause de certains événements ou malentendus. En effet, les virulentes déclarations du président Abdelaziz Bouteflika en direction du régime mauritanien de l'époque, Mouawiyya Ould Sidi-Ahmed Taya, qui avait noué des rapports diplomatiques avec l'Etat hébreu, avaient réduit à néant les échanges entre les deux pays. L'attaque, l'année dernière, d'une caserne de l'armée mauritanienne par des éléments du Groupe salafiste pour le combat et la prédiction (GSPC), n'a fait qu'envenimer les relations entre Alger et Nouakchott. Depuis l'arrivée au pouvoir du Colonel Ely Ould Mohamed Vall, les deux parties ont repris le dialogue. De nombreux projets économiques communs, notamment dans les domaines de la pêche et de l'énergie étaient en suspens, d'où la nécessité de relancer la machine. Le déplacement d'Ahmed Ouyahia à Nouakchott coïncide avec les travaux de la commission mixte algéro-mauritanienne qui ont commencé hier, dans la capitale mauritanienne. Pour les Mauritaniens, cette session revêt une importance particulière. Selon une source locale, “elle se veut une occasion pour donner un nouveau souffle à une coopération déjà fructueuse et œuvrer pour l'exploitation à bon escient de toutes les possibilités de coopération qu'offrent l'Algérie et la Mauritanie, en favorisant, notamment, l'implication du secteur privé à travers une approche d'un partenariat stratégique global”. Les deux parties estiment que ce rendez-vous “permettra, à coup de sûr, de consolider et de contribuer à l'édification de l'Union du Maghreb arabe pour assurer le développement à toute la région”. Les experts des deux pays, représentants de plusieurs secteurs économiques, se sont attelés à faire le bilan de l'application des décisions et recommandations prises lors de la dernière session, tenue en décembre 2004, et à finaliser les accords de coopération touchant à plusieurs domaines pour les soumettre à la grande commission mixte, présidée par Ahmed Ouyahia et son homologue mauritanien, Sidi Mohamed Ould Boubakeur. Par ailleurs, il suffit de prendre connaissance de la composante de la délégation qui a accompagné Ahmed Ouyahia en Mauritanie pour mesurer l'importance qu'accorde l'Algérie aux relations bilatérales avec ce pays. En effet, le Chef du gouvernement a, à ses côtés, MM. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, Amar Ghoul, ministre des Travaux publics, Smaïl Mimoune, ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, et Ali Tounsi, directeur général de la Sûreté nationale. La présence de ce dernier indique que la coopération sécuritaire est également à l'ordre du jour. Dans le secteur de la pêche, il sera vraisemblablement question de remettre sur les rails la défunte société mixte ALMA, dont les bateaux sont dans un état lamentable. Cette société a besoin d'une sérieuse prise en charge. L'Algérie est appelée à saisir les opportunités qui s'offrent à elle dans le domaine de l'énergie, surtout que la Mauritanie, qui commence à exploiter ses réserves en hydrocarbures, a grandement besoin du savoir-faire de la Sonatrach. Il n'est pas question de laisser le champ libre aux investisseurs marocains qui commencent à prendre pied dans différents secteurs de l'économie mauritanienne. Il appartient aux responsables algériens de rattraper le temps perdu surtout que le privé algérien est disposé à jouer son rôle sur ce plan-là. K. ABDELKAMEL