On peut dire que la saison estivale est sauvée en Tunisie», nous dira un douanier au poste frontalier de Bouchebka, vers lequel affluent, depuis le deuxième jour de l'Aïd, des touristes algériens en partance pour (ou en provenance de) la Tunisie. Selon la direction des Douanes de Tébessa, plus de 10 000 sorties vers la Tunisie ont été enregistrées pendant 26 jours au mois d'août. Durant les deux journées du 27 et 28 du même mois, 1200 Algériens sont allés passer quelques jours sur les belles plages de Sousse, Hammamet et autres stations, au marché de poterie de Nabeul ou encore au centre de thalassothérapie de Mahdia. Ce chiffre du mois d'août concerne aussi les deux autres postes frontières de Ras El Ayoun et d'El Méridj et explique bien le grand retour des Algériens. De bons signes de la reprise de l'activité touristique après le soulèvement populaire de janvier 2011, où le secteur, qui représente l'une des principales ressources du pays, a subi un coup dur, soit une régression de plus de 50%. «Tout va bien en Tunisie, moi qui n'ai pas visité Sousse depuis août 2010, je la trouve toujours magnifique, et les Tunisiens sont toujours accueillants», nous a déclaré un vacancier originaire de Biskra qui rentrait en Algérie. Le jeune Halim de Batna dénonce, lui, les rumeurs mensongères : «Il y a une sécurité totale en Tunisie, on en a ras-le-bol des rumeurs.» Ces Algériens venus pour la plupart des wilayas de l'Est et de quelques régions de l'Ouest veulent changer d'air pour au moins une bonne semaine, avant la rentrée sociale, alors que d'autres fuyant la canicule, notamment ceux du Sud, ont carrément passé le Ramadhan en Tunisie. C'est le cas de Hamad d'Adrar. «Avec ma famille, quelques amis et collègues, nous avons passé le mois sacré à Monastir. La vie y est moins chère qu'en Algérie», nous a-t-il confié. Il a été constaté également un retour progressif des touristes algériens en Tunisie durant les trois mois de juin, juillet et août. Ils seraient plus de 30 000 à avoir franchi le poste de Bouchebka vers la Tunisie, soit un net accroissement par rapport à la même période de l'année précédente. Une crainte non fondée de la violence en Tunisie Depuis le déclenchement de la révolution en Tunisie, en janvier 2011, le flux des touristes algériens vers ce pays voisin a connu une chute vertigineuse, et ce, à cause des folles rumeurs colportées çà et là, faisant état de cas d'agressions et de vols à l'encontre des Algériens, notamment à Kasserine, Gafsa et Sidi Bouzid. «Chaque été, durant plus de 15 ans, je pars en Tunisie pour changer d'air en toute sécurité, mais depuis qu'on parle de vols de voitures, je n'y suis plus retourné», nous dit Mohamed-Salah, un père de famille, quinquagénaire, rencontré au poste frontalier d'El Méridj. La plupart des touristes rencontrés dans différents postes frontaliers de la wilaya de Tébessa se plaignent du manque d'imprimés d'assurance interarabe au niveau des assurances nationales, et ce, en dépit du fait que le problème ait été soulevé. Un touriste de Tébessa, Mohamed, rencontré à El Méridj, nous dit à ce propos : «Je suis passé dans plusieurs agences de différentes compagnies dans la wilaya pour une assurance interarabe, mais il n'y a toujours pas le fameux imprimé orange. Je suis obligé de payer une assurance ici, au poste frontalier tunisien, ce qui va me coûter plus de 32 DT, soit 2100 DT la semaine, contre 700 DA algériens le mois, sachant que je compte rester 12 jours, je suis donc obligé de payer 64 DT, soit 4500 DA, c'est aberrant !»