Les rumeurs les plus folles ont couru, hier matin, à Annaba, El-Tarf, Souk-Ahras et Tébessa, au sujet des algériens touristes et résidents se trouvant sur le territoire tunisien après la fuite chaotique du président Ben Ali et l'instauration de l'état d'urgence par les autorités de ce pays. Aucune information officielle n'a été communiquée par les autorités algériennes sur les dispositions prises pour assurer la sécurité de nos ressortissants bloqués jeudi et vendredi, notamment, sur le sol tunisien ; les familles étaient en proie à de vives inquiétudes sur le sort qui pourrait être réservé aux leurs en cas d'embrasement. Les plus pessimistes souhaitaient savoir si des mesures spéciales étaient prévues éventuellement pour assurer l'évacuation de ces derniers par voie terrestre vers les postes frontaliers de Oum Teboul, Sakiet Sidi-Youcef, Ghardimaou, Bouchebka ou encore Ras El-Ayoun, sachant que tous les aéroports tunisiens étaient momentanément fermés depuis vendredi après-midi. À ce propos, les responsables de la Police des frontières terrestres, que nous avons pu contacter par téléphone, ont été formels en déclarant que la situation au niveau des localités tunisiennes limitrophes de l'Algérie était tout à fait normale au plan sécuritaire, hier. Des riverains de la localité signalent, pour leur part, la présence d'un important dispositif de sécurité, constitué essentiellement d'éléments du corps des GGF sur la bande frontalière. À hauteur du poste de Oum Teboul, nos sources indiquent que des algériens, bien que peu nombreux, ont continué à traverser la frontière dans les deux sens sans restriction aucune, alors que du côté tunisien pas un seul ressortissant de ce pays ne s'est présenté au passage depuis la matinée de vendredi, à l'exception toutefois, d'un groupe de touristes français et italiens. Même chose au niveau du poste de Heddada, a-t-on pu savoir de sources proches de la police des frontières, lesquelles signalent que, compte tenu de la mise en place du couvre-feu entre 18h et 6h du matin sur le territoire voisin, les bureaux des douanes et de la PAF sont restés fermés durant la soirée de vendredi. Ceci en précisant que l'activité passage a repris normalement, hier, avec la tenue du marché hebdomadaire de Sakiet, qui a attiré comme d'habitude beaucoup de résidents des communes de Merahna et Haddada, dans la wilaya de Souk-Ahras. La situation était un peu plus tendue, en revanche, du côté de Bouchebka la tunisienne qui est très proche de Kasserine, une ville où l'on a enregistré l'un des soulèvements les plus violents contre le régime de Ben Ali ces dernières semaines et qui est, semble-t-il, encore en ébullition. Selon certains témoignages recueillis par notre correspondant de Tébessa, des algériens qui rentraient au pays, vendredi dans la soirée, auraient été pris à partie par des bandes de jeunes émeutiers tunisiens, lesquels auraient tenté de les dépouiller de leurs bagages après les avoir caillassés. Toujours selon ces mêmes témoignages, il n'y avait pas âme qui vive sur la route menant de Kasserine à Bouchebka, ce qui a vraisemblablement favorisé ces tentatives de racket.