Long chassé-croisé d'officiels français à Alger. Après la visite de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères (16 juillet dernier), la visite prochaine de Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, annoncée pour octobre, Yamina Benguigui, la ministre française déléguée chargée de la Francophonie, est depuis jeudi dernier en visite officielle de trois jours. Yamina Benguigui devait, entre autres, baliser le terrain à la visite du nouveau président français annoncée avant la fin de l'année en cours. Lors de sa rencontre avec la presse, la ministre française a d'abord tenu à rendre compte de la teneur de ses entretiens avec Abdelkader Messahel, ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines. Sur la crise au Mali, Mme Benguigui s'est félicitée : «Depuis hier (jeudi, ndlr), les approches française et algérienne sont largement convergentes.» «Nous sommes d'accord sur le fait qu'il ne peut y avoir de solution politique pure ni de solution militaire pure. Nous sommes obligés d'être à l'écoute, de prendre en compte tous les paramètres.» L'Algérie est, selon Mme Benguigui, «forcément au cœur de la compréhension de ce qui se passe dans la région. Et au bout, il y aura une combinaison à trouver». Elle annonce que la France est «favorable» à l'initiative de concertation lancée par l'Algérie en vue de résoudre la crise malienne. «Depuis hier soir, nous avons convenu de nous mobiliser pour que la réunion de haut niveau sur le Sahel, prévue le 26 septembre à New York en marge de l'AG des Nations unies, soit l'occasion d'une approche, du moins, d'une parole commune. La France est favorable à cette concertation qui est à l'initiative de M. Messahel qui a souhaité que le groupe des Amis du Mali qui réunit 12 pays, à savoir la Mauritanie, le Niger, les pays de la Cédéao, la France aussi, les Etats-Unis d'Amérique, les Nations unies, l'Union européenne et l'Algérie, puisse se mettre au tour de la table et commencer à pouvoir converger dans le même sens.» Mme Benguigui abordera également le dossier épineux des relations franco-algériennes. La visite prochaine de François Hollande en Algérie n'est pas «anodine», estime-t-elle. «Elle intervient l'année du cinquantième anniversaire d'indépendance. Ça peut aussi être le point de départ d'un dialogue où il sera question de la mémoire, car elle est importante, capitale pour les nouvelles générations des deux côtés de la rive Méditerranée.» «François Hollande va venir en Algérie, insiste la ministre. Il s'y prépare. Il viendra avec un grand discours. Tout comme il fera un grand discours sur l'Afrique. Pour lui, les mots pèsent lourd. Nous devons renforcer le dialogue entre les deux pays. Je pense qu'on ne tirera jamais une croix sur tout ce qui s'est passé. Je ne le pense pas. Je ne pense pas que ça soit la volonté du président Hollande.» Cette visite sera-t-elle celle de la réconciliation ? «Le mot réconciliation, rétorque la ministre, cela fait vingt ans que je l'entends. Moi je crois qu'aujourd'hui, on doit passer à l'action.» Mme Benguigui déplorera les «maladresses», nombreuses, les «mots durs», les «vexations» de part et d'autre, qui ont empoisonné les relations entre les deux pays et «ralenti ce qui était en marche dans les domaines de la coopération». Il faut être «positif», recommande-t-elle. «Je ne vois pas de problèmes nauséabonds, de choses tordues. Je trouve seulement dramatique de ne pas avancer.»